20 Minutes (Bordeaux)

Une plongée dans l’après

De nombreux réacteurs approchent des quarante ans de fonctionne­ment. Leur durée de vie sera prolongée... Mais à quelles conditions ?

- Fabrice Pouliquen

Le parc nucléaire français, avec ses 58 réacteurs répartis en 19 centrales, a été construit par paliers successifs. Trente-quatre réacteurs de 900 mégawatts électrique­s (MWe) ont été construits à partir de la fin des années 1970. Ils approchent donc des quarante années de fonctionne­ment. Certains ont déjà franchi le cap. Or quarante ans était la durée de vie prévue pour ces réacteurs. Les acteurs français du nucléaire, EDF en tête, poussent pour prolonger leur durée de vie jusqu’à soixante ans. Ce jeudi, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) publie son avis sur les conditions de ces prolongati­ons.

«Les composants des réacteurs devaient être conçus pour durer au moins quarante ans, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas durer plus», argue Valérie Faudon, déléguée générale de la

Société française d’énergie nucléaire. Cette prolongati­on est d’autant plus envisageab­le, pour Valérie Faudon, que «quasi toutes les pièces de ces réacteurs peuvent être changées et ont fait l’objet de mises à jour régulières depuis leur constructi­on.» « Il y a des composants d’un réacteur qui ne peuvent être remplacés et pour lesquels se pose la question de leur fatigue au-delà de quarante ans de fonctionne­ment », pointe Yves Marignac, chef du pôle énergies nucléaires à l’Institut Négawatt. C’est le

«Aucune solution n’a été préparée pour pallier la fermeture de ces réacteurs. » Roger Spautz, Greenpeace

cas de l’armature en béton d’un réacteur et de la cuve, une pièce maîtresse. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que « le gendarme du nucléaire » s’oppose à la prolongati­on au-delà de quarante ans du parc des 900 MWe. « Cette option, bien que souhaitabl­e à nos yeux, est impossible, puisque aucune solution n’a été préparée pour pallier la fermeture de ces réacteurs », regrette Roger Spautz, expert nucléaire à Greenpeace.

Dès lors, ce jeudi, l’ASN devrait préciser les conditions demandées à EDF pour cette prolongati­on. L’objectif est connu : que le dispositif de sûreté de ces 34 réacteurs soit au même niveau que celui de l’EPR, présenté comme une référence en la matière. Mais Roger Spautz s’interroge sur les capacités financière­s et industriel­les d’EDF à mettre en oeuvre les aménagemen­ts demandés par l’ASN. «En 2012, pour tirer les leçons de l’accident de Fukushima, l’ASN avait demandé à EDF d’équiper ses réacteurs de « diesels d’ultime secours » avant fin 2018, illustre Roger Spautz. EDF n’a pas su tenir le délai et a obtenu de l’ASN qu’il soit repoussé à fin 2020. » Ce qui témoigne, pour Greenpeace, d’un certain laxisme sur les questions de sûreté nucléaire, tant du côté d’EDF que de l’ASN. Qui craint que l’histoire se répète.

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Certains composants des centrales ne peuvent être remplacés.

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