Pourquoi la cour d’assises n’a-t-elle pas retenu la qualification « terroriste » pour six accusés?
Ali Riza Polat, le principal accusé, a été condamné à trente ans de réclusion criminelle
Il n’y aura eu ni cri, ni larmes. Après cinquante-quatre journées d’audience marquées par l’émotion des parties civiles, la cour d’assises spéciale de Paris a rendu mercredi son verdict au procès des attentats de janvier 2015. Face à une salle comble, le président de la cour, Régis de Jorna, a livré un verdict mesuré, qui fera date dans l’histoire de la justice antiterroriste.
Les membres du cercle proche d’Amedy Coulibaly ont été condamnés aux peines les plus lourdes. Ali Riza Polat, le principal accusé, est resté muet en entendant la cour le condamner à trente ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers pour complicité des crimes d’Amedy Coulibaly et des frères Kouachi. Hayat Boumeddiene, la compagne du tueur de l’Hyper Cacher, actuellement en fuite, a été condamnée à la même peine. Seul Mohamed Belhoucine, probablement mort en Syrie, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité. Pour six des quatorze accusés, en revanche, la qualification terroriste n’a pas été retenue. Le doute profitant toujours à l’accusé, la cour d’assises a estimé qu’il était impossible d’établir formellement qu’ils aient eu connaissance des projets terroristes nourris par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Malgré de très nombreux débats portant sur le rapport à la religion des accusés ou leur vision du conflit syrien, aucune trace de radicalisation n’a été trouvée pour plusieurs d’entre eux. A l’instar de Miguel Martinez. Son beau-père, qui avait soutenu pendant l’instruction l’avoir vu rire devant une vidéo de décapitation, a reconnu à l’audience qu’il s’agissait du film Bernie, d’Albert Dupontel. Pour le doyen des accusés, Michel Catino, aucune « adhésion à une quelconque idéologie terroriste » n’a été décelée, a insisté la cour dans ses motivations. Le Belge, accro aux jeux d’argent, a soutenu avoir accepté de transporter un sac dans lequel se trouvaient deux armes pour nourrir son addiction.
De leur côté, Mickaël Pastor Alwatik et Amar Ramdani, deux proches de Coulibaly rencontrés lors de leur détention à Villepinte (Seine-Saint-Denis), ont été condamnés à de très lourdes peines, respectivement dix-huit et vingt ans de prison. En dépit de leur dénégation, la cour a estimé que, compte tenu de leur amitié et de leur proximité, ils ne pouvaient ignorer sa radicalité et le fait que le terroriste avait déjà été condamné pour des faits de cette nature. Quelques minutes après la fin de l’audience, l’avocate d’Ali Riza Polat a annoncé son intention de faire appel. Cette décision, si elle est suivie par le Parquet national antiterroriste, entraînerait automatiquement un nouveau procès.
Pour six des quatorze accusés, la qualification terroriste n’a pas été retenue.