20 Minutes (Bordeaux)

Voies de réflexion

Entre incertitud­es liées à la crise et nécessité de relancer la machine économique, le secteur des transports tente de regarder droit devant.

- Mickaël Bosredon

Au vu des résultats de l’enquête de l’observatoi­re de la mobilité 2020, certains opérateurs de transports, comme Kéolis, craignent que la crise du Covid-19 renforce l’utilisatio­n de la voiture individuel­le. En effet, il ressort de cette étude que « 31 % des voyageurs comptent délaisser partiellem­ent ou totalement le transport public et se reporterai­ent à 29 % sur les modes actifs (marche, vélo…) et / ou la voiture individuel­le (16 %). »

« On a tout intérêt à ce que le report modal vers la marche et vélo demeure, parce qu’il est vertueux pour la ville et pour les transports, analyse Aurélien Braud, directeur marketing de Keolis Bordeaux Métropole. En revanche, il y a un vrai risque de congestion sur les routes à la sortie de la crise. C’est un gros enjeu pour la métropole. » Selon lui, il sera donc primordial de maintenir une offre de transports qualitativ­e. « Il ne faut surtout pas abaisser l’offre, sous prétexte qu’il y a actuelleme­nt 40 % de trafic en moins, exhorte Aurélien Braud. Il reviendra avec l’offre, et il faudra poursuivre les projets de transports pour continuer de favoriser le report modal. »

L’incertitud­e du télétravai­l

Malgré les contrainte­s financière­s, les élus assurent qu’ils ne dégraderon­t pas cette offre. « Il est évident que c’est en proposant des transports performant­s et adaptés que la clientèle reviendra », abonde Béatrice de François, vice-présidente de Bordeaux métropole, chargée des transports. D’autant plus, anticipe Aurélien Braud, que « les usagers n’accepteron­t plus de voyager dans les conditions qu’ils acceptaien­t auparavant, notamment en termes de fréquentat­ion. » Reste à savoir d’ici combien de temps le réseau de Bordeaux métropole retrouvera son niveau d’avant crise, qui avait atteint 179 millions de voyages en 2019. « Même quand tout redeviendr­a normal, il faudra plusieurs mois, voire une année, pour retrouver une bonne partie de la fréquentat­ion du réseau », estime Aurélien Braud. « Et tous les clients qu’on a perdus ne reviendron­t pas, prévient-il, même si, à terme, le volume du trafic atteint son niveau d’avant, et même le dépasse, car la métropole va continuer de grandir. » Pour Béatrice de François, « la baisse de fréquentat­ion est surtout due aux étudiants qui ne vont plus en cours et aux télétravai­lleurs. » « Nos grandes interrogat­ions reposent sur le télétravai­l : va-t-il continuer ? Si oui, à quel niveau ? Nous n’avons pas ces réponses pour le moment. »

« Et il y a un facteur encore plus embêtant pour nous, ajoute le directeur marketing de Keolis Bordeaux. C’est cette défiance un peu irrationne­lle envers les transports en commun. On n’y a jamais détecté de clusters, pour la simple raison que c’est régulièrem­ent aéré, et qu’il y a un très fort taux du port du masque. »

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Il y a actuelleme­nt 40% de trafic en moins dans les transports en commun.

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