Société, société, tu m’embaucheras
Dans un contexte tendu, les candidats doivent déployer des trésors de persuasion
On connaît la rengaine : qui dit alternance dit candidature en entreprise. « Généralement, identifier un centre de formation n’est pas le problème, le plus compliqué est de trouver un patron, car cela consiste à demander un travail sans avoir d’expérience », constate Jean-Baptiste Tissot, psychologue de l’orientation au Centre d’information et d’orientation (CIO) d’Annecy. Selon lui, ce n’est pas une mince affaire en temps normal, « mais cette année, ce sera encore plus difficile car peu d’entreprises ont suffisamment de visibilité pour s’engager avec un alternant ». « Il faut donc se montrer persuasif et témoigner de sa maturité et de sa fiabilité pour convaincre », affirme le psychologue. Pour Carine Hahn, spécialiste de la transition professionnelle et du changement, avec ou sans Covid, « l’important est de ne pas se contenter d’une présentation succincte au futur employeur, mais également de citer toutes les expériences professionnelles et personnelles qu’on a eues, tout en montrant qui on est vraiment ». Pour commencer, Carine Hahn recommande de « décrocher son téléphone, de faire fonctionner son réseau ou encore de regarder les annonces sur les sites des entreprises ». Une évidence, certes, mais qui peut porter ses fruits.
Des signaux positifs
Du côté de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), Fabrice Yeghiayan observe une dynamique d’embauche chez certaines sociétés : « Un grand nombre d’entre elles nous contactent pour lancer leur propre Centre de formation d’apprentis (CFA). » Le directeur national du développement se réjouit également des ajustements dus au plan de relance mis en place l’an dernier par le gouvernement : « Le fait d’avoir déconnecté l’entrée dans l’entreprise du rythme scolaire a permis une plus grande souplesse. » Pour lui, Covid ou pas, « les départs à la retraite ne seront pas différés et il faudra les remplacer ». Selon la psychanalyste Carine Hahn, le plus important est de « ne pas baisser les bras » dans ses recherches. Elle ajoute, optimiste : « Mon dernier conseil serait de rester ouvert à toutes les opportunités et de ne pas se refermer sur soi. » L’alternance est finalement un bon moyen pour les entreprises de préparer l’après et c’est peut-être là que réside le meilleur argument pour les convaincre.