Des sites prêts à jouer le jeu du protocole sanitaire
La Nouvelle-Aquitaine a proposé de tester un protocole, établi par un institut scientifique, pour rouvrir les lieux culturels
Faire de la Nouvelle-Aquitaine un territoire d’expérimentation pour la réouverture des lieux culturels. C’est la proposition qui a été envoyée par le président du conseil régional Alain Rousset à la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a-t-il annoncé, jeudi, à la Rock School Barbey, à Bordeaux.
Cette expérimentation s’appuierait, si elle était validée, sur un partenariat avec l’Itemm (Institutu technologique européen des métiers de la musique), qui a développé un modèle, appelé Opera (Outil probabiliste pour l’évaluation du risque par aérosols) permettant d’évaluer, au travers d’une trentaine de paramètres, la probabilité de transmission de la Covid-19 auprès des populations dans les lieux culturels.
Même s’il est monté sur une des scènes rock bordelaise les plus en vue de ces trente dernières années, Alain Rousset prévient qu’il n’est pas venu pour renverser la table. «Je ne réclame pas l’ouverture des lieux culturels, explique-t-il, je suis dans une position constructive, pas revendicatrice, et je sais quelles sont mes marges de manoeuvre et mes compétences. En revanche, nous avons souhaité faire une proposition à la ministre de la Culture pour se sortir de ce très mauvais moment que vivent les artistes pour préparer la sortie du tunnel, tout en garantissant la sécurité sanitaire.»
«A chaque fois avec masque»
L’idée serait donc de mobiliser cet outil, Opera, pour sécuriser la réouverture des lieux culturels en prenant en compte des critères de jauge, de distanciation physique, d’assainissement des salles, ou encore en mobilisant les technologies UV qui peuvent révéler la présence éventuelle du virus.
Le chercheur Romain Viala, qui l’a développé, « s’est inspiré de travaux sur des modèles de propagation de la grippe, qu’il a améliorés avec une trentaine de variables, allant de la circulation du virus, à la taille de la salle, la hauteur de plafond, jusqu’aux caractéristiques techniques de la ventilation, détaille la directrice de l’Itemm Carole Le Rendu. Nous collectons ainsi des données depuis juillet auprès d’une cinquantaine de salles, pour définir des typologies, et encadrer chaque configuration de salles.»
Ce modèle «est un outil scientifique d’aide au dialogue avec les décideurs, mais il n’accorde pas de feu vert ou de feu rouge», insiste-t-elle. Il n’y aurait d’ailleurs pas un protocole mais plusieurs, qui seraient proposés, en fonction de la configuration des établissements, qu’il s’agisse de grandes salles, cafés-concerts ou studios de répétition… «Mais à chaque fois avec masque», précise Carole Le Rendu.
A ce jour, quelque 300 lieux culturels de Nouvelle-Aquitaine se sont positionnés pour les expérimenter. «Maintenant, on attend le feu vert de Roselyne Bachelot, et, à partir de là, on pourra établir un calendrier, sachant que se pose aussi la problématique des festivals d’été, et des festivals de cinéma», prévient Alain Rousset.