Verte de dépit
La présidente de l’association qui fédère les participants à la convention est critique sur le projet de loi «Climat et résilience», présenté ce mercredi.
Présenté en Conseil des ministres ce mercredi, le projet de loi « Climat et résilience » entend s’appuyer sur le travail de la Convention citoyenne pour le climat, lancée à la demande d’Emmanuel Macron en octobre 2019. Mélanie Cosnier, présidente de l’association Les 150, qui fédère les participants de la Convention, a du mal à y retrouver l’esprit des propositions de cette dernière.
Vous attendez-vous déjà à des surprises sur le projet de loi ?
Nous avons été en contact régulier avec le ministère de la Transition écologique ces dernières semaines et nous avons été informés des mises à jour sur le texte, si bien qu’on a, normalement, une bonne connaissance de ce qui sera présenté ce mercredi. Y retrouvez-vous l’esprit de vos propositions ?
Non, le compte n’y est pas. Le gouvernement a beau dire, le texte manque globalement d’ambition. Il reprend un grand nombre de nos mesures, mais, très souvent, il en réduit la portée ou n’en prend qu’une partie. Un exemple typique est celui de la rénovation énergétique des bâtiments, une proposition-clé de notre rapport, car concernant un domaine fort émetteur de gaz à effet de serre en France. Nous réclamions l’obligation de rénovation énergétique des bâtiments d’ici à 2040, tout en augmentant les aides financières en parallèle. On est très loin de ça aujourd’hui dans le projet de loi. Le caractère obligatoire n’a pas été retenu, on reste sur de l’incitatif. On en revient à la promesse d’Emmanuel Macron de transmettre «sans filtre» vos propositions au Parlement. On en est loin aujourd’hui? Oui. De fait, Emmanuel Macron a exercé un premier filtre et le gouvernement, un second. On se doutait bien que cette Convention n’allait pas pouvoir tout révolutionner en neuf mois de travail. Mais nous sommes forcément déçus que nos propositions soient autant amoindries.
La Convention se réunira pour une dernière session de travail les 26, 27 et 28 février. Quel en sera l’enjeu ? L’enjeu principal sera justement de faire un point sur la façon dont sont reprises nos 146 propositions. La loi de finances 2021 reprend aussi une partie de nos mesures et on constate, là encore, des reculs. D’autres propositions ont été intégrées au plan de relance, d’autres sont passées sous formes de décrets et pour d’autres, l’exécutif nous assure qu’elles seront portées au niveau européen par la France. Pendant ces trois jours, nous allons ainsi tout répertorier et émettre un dernier avis à l’exécutif sur la récupération de notre travail.