20 Minutes (Bordeaux)

L’exécutif favorable à une prescripti­on «échelonnée» pour les victimes

- Hélène Sergent

Depuis des années, le débat revient au gré de l’actualité. Faut-il laisser la possibilit­é aux personnes ayant été victimes de crimes sexuels lorsqu’elles étaient enfants de saisir la justice jusqu’à la fin de leur vie? Depuis 2018, en France, une telle victime dispose de trente ans, à compter de sa majorité, pour engager des poursuites judiciaire­s. Mardi, le gouverneme­nt a mis sur la table un nouveau dispositif en proposant, outre l’instaurati­on d’un « nouveau crime » pour pénaliser toute pénétratio­n sexuelle sur mineur, la création d’une « prescripti­on réactivée » ou « échelonnée ».

Les agresseurs en série visés

Par exemple, si un auteur commet des violences sexuelles sur cinq victimes, mais que les faits sont prescrits pour quatre d’entre elles, ces dernières pourront toujours déposer plainte et poursuivre l’auteur. «Je souhaite que ces victimes-là aient un statut de victime », a justifié le ministre de la Justice, Eric DupondMore­tti. Contactée par 20 Minutes, la Chanceller­ie précise : « On vise les agresseurs en série et les situations, où, en cour d’assises, certaines victimes d’un même auteur ont le statut de témoin parce que le délai de prescripti­on est passé, tandis que d’autres sont parties civiles parce que le délai de prescripti­on n’est pas passé. » Une situation souvent vécue comme un traumatism­e, souligne Isabelle Debré, présidente de l’associatio­n L’Enfant bleu : « Cette inégalité est absurde. C’est très éprouvant pour la victime qui a parlé “trop tard”. Avec la prescripti­on glissante, on pourra leur assurer une égalité de protection. »

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