Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il renoncé à supprimer l’ENA?
Pour finir, la vieille dame de 76 ans ne va pas mourir. Au moment de la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron avait envisagé de supprimer l’ENA (Ecole nationale d’administration). La prestigieuse institution perdurera. Mais elle va davantage ouvrir ses portes. Jeudi, à Nantes (Loire-Atlantique), le président de la République a promis que 1 000 places supplémentaires seraient créées dans les « prépas Talents », des classes préparatoires préparant aux concours des grandes écoles de la fonction publique, consacrées à des jeunes d’origines sociales ou de zones géographiques défavorisées.
Car, depuis des années, l’ENA est désignée comme un symbole de l’élitisme à la française, et son recrutement est critiqué. Alors pourquoi le chef de l’Etat n’a-t-il pas décidé de la remplacer par une école de services publics ? « Notre pays a besoin de hauts fonctionnaires qu’il faut former, estime Boris Walbaum, cofondateur de l’association Article 1, qui lutte en faveur de l’égalité des chances. Le problème, ce n’est pas l’existence de cette école, mais qu’elle ne soit pas assez ouverte socialement.» Selon l’énarque, la création de places supplémentaires dans les classes préparatoires intégrées est une démarche plus utile : «On rapproche les candidats de la ligne d’arrivée, en leur proposant une prépa de deux ans avec un tutorat.» Daniel Keller, président de l’association des anciens élèves de l’ENA, ajoute : «Et l’on conserve le principe de méritocratie républicaine. »