20 Minutes (Bordeaux)

Pour Alain Cocq, la fin de vie justifie les moyens

Lourdement handicapé, Alain Cocq a décidé de se rendre en Suisse pour bénéficier d’un suicide assisté

- De notre envoyé spécial à Dijon, Vincent Vantighem

« Je pars la fleur au fusil. Mais le fusil à l’épaule. » Oui, Alain Cocq va mourir. Il veut mourir. Lourdement handicapé, cet homme de 57 ans a décidé de faire les démarches pour bénéficier d’un suicide assisté à Berne (Suisse). Dans les prochaines semaines. Ou les prochains mois, peut-être. Et il souhaite que les Français soient informés de son projet. «Je veux que la fin de vie devienne le thème majeur de la campagne présidenti­elle de 2022 », assume-t-il.

«Sa situation est terrible»

Atteint par une maladie tellement orpheline qu’elle ne porte même pas de nom (lire l’encadré), Alain Cocq a déjà tenté, en septembre, de faire plier Emmanuel Macron sur la question de l’euthanasie active et du suicide assisté. L’ultimatum était aussi simple que brutal : si le chef de l’Etat ne changeait pas la loi, il avait promis de se laisser mourir de faim et de soif et de diffuser son agonie sur Facebook. En dépit d’un « profond respect », Emmanuel Macron lui a répondu qu’il n’était pas « en mesure d’accéder à [sa] demande ». Facebook a coupé la diffusion en direct. Après quelques jours de souffrance­s atroces, Alain Cocq s’est finalement réalimenté et réhydraté à l’hôpital avant de rentrer chez lui, dans son appartemen­t médicalisé, à Dijon (Côte-d’Or).

«Sa situation est terrible, confie un de ses proches. Mais lorsqu’il a vu que tous les médias se mettaient à parler de lui, il a hésité à lancer son projet de suicide assisté en Suisse.» Aujourd’hui, le doute n’est plus à l’ordre du jour. « Le dossier est constitué, informe Sophie Medjeberg, la mandataire qu’il a choisie pour l’assister dans la démarche. Le projet est financé. Nous attendons la date pour partir en Suisse.» Cloué au lit en patientant, Alain Cocq mène «le combat», comme il l’appelle. Et évoque les sujets sur lesquels il «travaille », dont le « foutage de gueule » de la loi Claeys-Léonetti sur la fin de vie. Ne reste qu’à convaincre les responsabl­es politiques qui souhaitent se présenter à la prochaine présidenti­elle. Au soir du premier tour de l’élection, il espère ne plus être en mesure de voter. Ce serait la preuve que son «projet» a été mené à bien.

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Alain Cocq, 57 ans, dans son appartemen­t médicalisé, à Dijon, en août 2020.

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