L’exécutif étend ses idées pour que les Français dépensent
Le gouvernement étudie des pistes pour inciter les Français à dépenser leurs économies réalisées pendant la crise sanitaire
Les Français ayant épargné toute l’année, le gouvernement se trouva fort dépourvu quand le moment de la relance fut venu. Que La Fontaine nous pardonne pour ce pastiche, il décrit une réalité : selon la Banque de France, «le surplus d’épargne financière des ménages » lié aux confinements et aux différentes contraintes sanitaires « serait compris entre 100 et 120 milliards d’euros » pour l’année 2020. Or ce surplus d’argent représente un magot que le gouvernement aimerait bien voir dépensé, afin de faire revenir la croissance tant attendue.
Pour enclencher ce cercle vertueux, l’exécutif refuse, pour l’instant, de recourir à une taxation de l’épargne. Fidèle à sa promesse de ne pas augmenter la fiscalité, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a expliqué lundi qu’il travaillait à des « incitations » afin d’encourager les ménages à alléger leurs comptes en banque. Est-ce suffisant ? « Je crois aux incitations, répond Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes. Il faut faire en sorte que l’épargne aille vers les entreprises, qui ont des besoins de long terme. Cela suppose d’avoir des produits financiers attractifs. » Le gouvernement a d’ailleurs creusé cette voie en lançant en 2020 le fonds Bpifrance Entreprises 1, qui permet aux particuliers d’investir leur épargne dans des entreprises françaises.
Autre piste suivie par l’exécutif, selon Les Echos : un possible allégement des conditions pour les parents qui souhaiteraient faire des donations à leurs enfants. Pour Anne-Laure Delatte, économiste et enseignante à Paris-Dauphine, la démarche n’est pas mauvaise. Le souci, selon elle, «c’est que tout le monde ne peut pas faire de donations». Selon une enquête de 2015 menée par l’Insee, 50 % des donations étaient réalisées par les 25% des Français les mieux dotés en patrimoine. « C’est un vrai choix de société, souligne AnneLaure Delatte. Pour ma part, je préfère que cette épargne soit distribuée aux populations qui n’ont pas accumulé d’argent en 2020. » Une redistribution qui passerait donc par une intervention de l’Etat. D’après l’enseignante, une taxation se justifierait d’autant plus que le surplus d’épargne accumulé en 2020 «ne correspond pas à une épargne de précaution, mais plutôt à une incapacité de consommer».
Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, «si on veut que l’épargne se déverse, il faut surtout que la situation sanitaire s’améliore et qu’un certain nombre de secteurs rouvrent. Sans cela, les incitations n’auront que peu d’effet. » L’épargne semble donc condamnée, pour quelques mois au moins, à rester au chaud.
L’argent accumulé en 2020 «correspond à une incapacité de consommer». Anne-Laure Delatte, économiste