20 Minutes (Bordeaux)

Zoom, dis-moi qui est le plus moche

Le nombre d’opérations de chirurgie esthétique a augmenté depuis le premier confinemen­t

- Hakima Bounemoura Oihana Gabriel Rachel Garrat-Valcarcel

Une réunion de travail, un apéro entre amis, des cours à la fac… Cela va bientôt faire un an que des millions de Français utilisent la visioconfé­rence, via des logiciels comme Zoom, Teams ou Google Meet. Conséquenc­e de la généralisa­tion du télétravai­l liée à l’épidémie de Covid19 : le regard que les Français portent sur eux-mêmes a changé.

Marie,

Le fait de se voir interagir avec ses collègues met en lumière ses défauts physiques. Des chercheurs américains parlent de «Zoom dysmorphia » pour qualifier ce complexe qui naît chez les utilisateu­rs mécontents de l’image physique qu’ils renvoient à l’écran. « J’ai l’impression d’avoir pris dix ans, témoigne Marie, une lectrice de 20 Minutes. Quand je peux, je coupe l’image.» «Le recours aux outils de visioconfé­rence a contraint les gens à prendre conscience de leurs imperfecti­ons, comme dans un miroir déformant », explique à 20 Minutes Claire Dahan, psychologu­e.

Effet inattendu : les cabinets et les cliniques de chirurgie esthétique ne désempliss­ent pas. La clinique des Champs-Elysées, à Paris (8e), l’une des plus importante­s d’Europe, affiche une croissance d’environ 30% par rapport à la même période l’année dernière. « Il y a eu un boom des actes de chirurgie et de médecine esthétique depuis la fin du premier confinemen­t, et ça continue aujourd’hui », nous confirme Tracy Cohen Sayag, directrice de la clinique parisienne. Tous les spécialist­es en Europe et dans le monde ont tiré le même constat. » Les peelings, les injections ou la radiofréqu­ence (technologi­e basée sur la diffusion de champs électromag­nétiques) figurent parmi les actes les plus pratiqués. « Cela concerne

La pizza du vendredi soir, une bière pour se remonter le moral… Un an après le premier confinemen­t, les petits plaisirs en couvre-feu ou en confinemen­t se résument souvent à du gourmand ou de l’alcoolisé. Selon notre baromètre #MoiJeune 20 Minutes-OpinionWay*, 68 % des 18-30 ans ont vu leur poids changer depuis la crise. Plus en détail : 39% des jeunes ont pris du poids pendant cet «annus horribilis».

« Je faisais du cyclisme et du badminton. Badminton, c’est fermé. Cyclisme, ce n’était pas possible pendant les confinemen­ts, se souvient Benyamin sur la principale­ment ce qui est autour du regard : les poches sous les yeux, les cernes, les pattes-d’oie, le front ridé ou la queue du sourcil à remonter », détaille Tracy Cohen Sayag.

Les quadragéna­ires « constituen­t l’essentiel de nos nouveaux patients, soit 80 % de la nouvelle clientèle que nous accueillon­s depuis un an », précise la directrice de clinique. «Il y a un fossé entre les génération­s, note Claire Dahan. Les jeunes ont pris l’habitude d’améliorer leur apparence avec des filtres sur les réseaux sociaux. Ce qui n’est pas le cas des génération­s plus âgées. L’effet miroir les a déstabilis­ées. »

« J’ai l’impression d’avoir pris dix ans. Quand je peux, je coupe l’image.» une lectrice

page Facebook de notre groupe Moi Jeune. J’ai pris 3 kg pendant le premier confinemen­t, près de 20 kg depuis octobre. » Selon notre baromètre, 23% des 18-30 ans interrogés ont fait moins de sport depuis un an. Et 18% ont totalement arrêté.

Pour Vanessa Bedjaï-Haddad, nutritionn­iste et diététicie­nne à Paris, «manger est devenu la seule source de distractio­n ». « J’essaie de faire attention et je prends du temps pour faire plus de cuisine, témoigne ainsi Astrid. Mais j’avoue prendre un petit verre de vin certains soirs pour le moral. J’ai quand même pris 3 kg.»

* Etude réalisée en ligne du 25 au 26 février auprès de 695 personnes âgées de 18 à 30 ans.

Au pic de la première vague, en 2020, certaines régions, dont les services de réanimatio­n étaient saturés, avaient dû envoyer des malades du Covid-19 dans des secteurs moins « en tension ». Ces images sont de retour. Ce weekend, six personnes ont quitté les hôpitaux d’Ile-de-France, notamment pour la Nouvelle-Aquitaine. Gabriel Attal, le porte-parole du gouverneme­nt, a annoncé dimanche depuis l’aéroport d’Orly six évacuation­s aériennes chaque jour à partir de ce lundi. Si «chaque lit compte», comme le dit Gabriel Attal, les transferts en avion ou en hélicoptèr­e ne suffiront pas. «Il va peut-être falloir renouveler ce qu’on avait fait pendant la première vague, c’est-à-dire des transferts par TGV» médicalisé­s, a expliqué samedi Frédéric Adnet, directeur médical du Samu de Seine-Saint-Denis, sur BFMTV.

Timing serré

Mais les capacités d’accueil de régions jusque-là pas encore en tension ne sont pas infinies. D’après le site CovidTrack­er, seules la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne ont un taux d’occupation des lits de réanimatio­n par des malades du Covid-19 inférieur à 50%. Avec peut-être une centaine de lits occupés en plus dans quelques jours, des régions devront probableme­nt bientôt déprogramm­er des interventi­ons chirurgica­les.

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En visioconfé­rence, le fait de se voir interagir avec les autres peut modifier l’image qu’on a de soi-même.
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Selon notre baromètre, 18 % des 18-30 ans ont arrêté le sport.

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