Sur les transferts de patients, le CHU de Bordeaux s’affaire
Deux patients franciliens ont été pris en charge à Bordeaux, dimanche, et d’autres ont été annoncés pour cette semaine
Dimanche, deux patients de l’hôpital de Meaux atteints du Covid-19 ont été transférés en avion au CHU de Bordeaux. Si l’hôpital n’est pas encore débordé, des déprogrammations d’interventions vont devoir être organisées dès l’accueil des prochains patients depuis l’Ile-de-France. « Samedi, dès qu’on a appris ces mouvements de patients, on a libéré des lits et des patients sont partis vers des secteurs d’hospitalisation déjà en tension, mais on est arrivés à libérer deux places », explique Laurent Petit, anesthésiste-réanimateur et responsable de l’unité de réanimation chirurgicale et posttraumatologique du CHU de Bordeaux. La réanimation médicale a déjà presque atteint sa capacité maximale d’accueil, c’est donc la réanimation chirurgicale qui prend à présent en charge les patients venus d’autres régions. « Aujourd’hui, les capacités du CHU de Bordeaux en termes de réanimation sont relativement limitées puisque 90 % des places sont occupées dont à peu près 20% par des patients Covid (soit 36 personnes) sur les secteurs de réanimation et soins intensifs », résume Laurent Petit.
Avec les prochains transferts, qui vont notamment mobiliser des lits mais aussi le personnel nécessaire au chevet des malades du Covid, l’impact va commencer à être plus net. « On va être amenés à commencer de déprogrammer au moins les interventions lourdes et il va y avoir une pénalisation pour certains patients », regrette le docteur Laurent Petit. D’autres centres hospitaliers de la région pourraient aussi être mis à contribution pour l’accueil de ces malades.
Les patients Covid sont transférés quand ils sont stables et cela n’occasionne pas de « pertes de chances » dans leur guérison. Par contre, un impact sur la prise en charge des autres patients est à craindre. « Il y a des pathologies qui, comme pendant la première vague, risquent de s’aggraver et certains ne pourront pas être opérés », déplore l’anesthésiste-réanimateur. « La moyenne d’un séjour en réanimation, c’est une semaine à dix jours, les patients Covid restent le double ou le triple, ça fait des places occupées pendant une durée plus longue, fait valoir le docteur Laurent Petit. On a gardé un patient qui venait de Paris pendant cinq mois… » La difficulté, sur le long terme, c’est que l’ensemble de la chaîne des soins se retrouve embouteillée. Depuis le début de la pandémie, Bordeaux a accueilli 44 patients d’autres régions. Une réunion de crise est prévue au CHU de Bordeaux dès ce début de semaine.
«On a gardé un patient qui venait de Paris pendant cinq mois… » Laurent Petit,
anesthésiste-réanimateur
Comment améliorer la sécurité à Bordeaux? Un conseil de sécurité s’est tenu jeudi et était censé poser les jalons d’une stratégie commune, mais il a surtout mis au jour des divergences entre la ville et la préfecture sur la stratégie à adopter.
» Déployer la vidéoprotection ou faire un audit? « Sur le rythme de travail, les visions sont un peu différentes. Madame la préfète souhaiterait qu’en matière de sécurité nous avancions plus vite, avance Delphine Balsa, directrice de cabinet de Fabienne Buccio, préfète de la Gironde. Par exemple, sur la vidéoprotection, elle aimerait qu’on puisse rapidement travailler à élargir les zones de Bordeaux qui sont couvertes par cet outil qui a montré son efficacité, alors que monsieur le maire souhaite un diagnostic à l’été, ce qui reporte encore l’installation de vidéoprotection.» De son côté, Amine Smihi, adjoint en maire en charge de la sécurité, fait valoir que le système de vidéoprotection actuel s’appuie en fait sur les caméras des bornes qui régulent les accès au centre-ville. «On a besoin d’y voir plus clair, c’est pour ça qu’il nous faut un audit», assure-t-il, rappelant que sa majorité préfère à un maillage serré de vidéoprotection des effectifs de police municipale et nationale, des médiateurs et des éducateurs.
» Des effectifs de police à renforcer ? Sur les effectifs aussi, les avis divergent. Pour la préfecture, il n’y a pas de sujet : «Nous ne sommes pas dans une situation de sous-effectifs policiers, assure Delphine Balsa. En revanche, on peut réfléchir sur comment on fait mieux travailler les effectifs de polices municipale et nationale. » Pour la municipalité, le dispositif de police national «n’est pas à la hauteur des enjeux de la cinquième métropole de France. Elle est la seule de toutes les grandes métropoles à ne pas avoir une compagnie de CRS en exercice sur son territoire ».
» Une compagnie de CRS à demeure demandée. Une demi-compagnie de CRS a été affectée à Bordeaux, en septembre. «Le ministère a compris que Bordeaux avait besoin de cette unité de force mobile, mais on la partage, elle n’est pas que pour nous», clarifie la directrice de cabinet de la préfète. Présente jusqu’au 22 mars, elle part ensuite en mission, après laquelle elle reviendra dans la capitale girondine. «Il faut une compagnie entière, réagit Amine Smihi. Et, il ne s’agit pas de savoir où les CRS dorment, mais ou les CRS travaillent. »