Grâce au duo Almodovar-Swinton, on reste sans voix
Le cinéaste et l’actrice collaborent pour la première fois dans «La Voix humaine», de Jean Cocteau
Un peu de poésie dans un monde brutal. La Voix humaine, monologue écrit en 1929 par Jean Cocteau, connaît une nouvelle vie. Ce sont Pedro Almodovar (derrière la caméra) et Tilda Swinton (devant) qui offrent une version sublime de cette oeuvre, disponible vendredi en DVD et VOD*. Ce court-métrage d’une trentaine de minutes, dans lequel une femme au téléphone exprime sa façon de penser à l’homme qui l’a quittée, n’a rien d’une pièce de théâtre filmée. Le réalisateur espagnol et l’actrice britannique, qui collaborent ici pour la première fois, l’expliquent dans l’entretien proposé en supplément du DVD.
«Ce film me ressemble»
« J’aime l’idée de surprendre, a déclaré Pedro Almodovar lors d’une intervention virtuelle au New York Film Festival. Ce film me ressemble, sans être semblable à ce que je fais d’habitude. » Il offre à Tilda Swinton un rôle écrasant, qu’elle tient avec une sensibilité d’instrument de musique. « Je savais qu’il en ferait un film d’Almodovar, et qu’il apporterait sa vision au texte de Cocteau », a précisé la comédienne lors du même entretien. On ne saurait donner tort à Tilda Swinton. Les couleurs chatoyantes pour mettre en évidence la douleur d’une femme délaissée, comme le jeu entre théâtre et cinéma, sont délectables pour les yeux comme pour les oreilles. La passion cinématographique du cinéaste pour sa comédienne est évidente dans chaque plan.
Qu’elle tente de mettre le feu au décor ou qu’elle s’acharne sur le costume de l’infidèle à coups de hache, Tilda Swinton, impériale, règne sur le film. Cette nouvelle version de La Voix humaine démontre que le réalisateur madrilène est toujours aussi fort pour faire parler les femmes.
* Pathé, 12,99 €.