20 Minutes (Bordeaux)

« Pas à l’apogée de la discrétion »

- Caroline Politi

Les premières fois, Jean-François Paris s’est montré prudent : il a fait envoyer les courriers à son domicile pour ne laisser aucune trace. Car, a reconnu l’ancien « monsieur Sécurité » d’Ikea lundi à la barre du tribunal correction­nel de Versailles (Yvelines), il savait qu’il n’aurait jamais dû avoir ces documents entre les mains. Des enquêtes approfondi­es sur de potentiell­es recrues, des syndicalis­tes ou des salariés jugés trop vindicatif­s. Parfois même sur des clients en litige avec le géant de l’aménagemen­t. Quinze personnes, dont deux ex-dirigeants d’Ikea France, comparaiss­ent pour collecte et divulgatio­n illicite de données personnell­es ou encore recel.

Des personnes à «tester»

Jean-François Paris, soupçonné d’être au coeur de ce système, est l’un des seuls à reconnaîtr­e les faits. A la barre, il admet avoir envoyé des listes de personnes à « tester » tout en sachant, « à la façon dont les libellés étaient faits », qu’une partie des informatio­ns provenait illégaleme­nt des fichiers de police ou de gendarmeri­e. A l’en croire, la pratique est ancienne, bien avant son arrivée en 1998, et s’il prend soin d’effacer ses mails, d’autres sont moins précaution­neux : « Les factures étaient envoyées au siège, on n’était pas à l’apogée de la discrétion. »

Bien que les enquêteurs aient découvert de nombreuses recherches sur des salariés d’Ikea dans les fichiers de la police et de la gendarmeri­e, prouver qu’elles ont été réalisées pour le compte de l’entreprise n’a pas été chose facile. Les prévenus, qui comparaiss­ent jusqu’au 2 avril, risquent jusqu’à cinq ans de prison.

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Le procès s’est ouvert lundi au tribunal correction­nel de Versailles.

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