Xavier Bertrand leur a mis une droite
Ses rivaux craignent que le nouveau candidat veuille couler la primaire
C’est tout sauf une surprise, mais la démarche de Xavier Bertrand perturbe le calendrier des Républicains. En officialisant mercredi son choix d’être candidat à l’élection présidentielle en 2022, sans participer à une éventuelle primaire, et sans se présenter sous les couleurs du parti qu’il a quitté, le président de la région Hauts-de-France a pris de court ses potentiels rivaux à droite dans la course à l’Elysée.
Un cadre LR
Car l’ancien ministre de la Santé a choisi de confirmer sa candidature en plein regain épidémique, alors que la direction des Républicains a acté en décembre qu’elle attendrait l’automne 2021 pour désigner son champion pour l’Elysée. « En règle générale, ceux qui ont fait gagner notre famille politique à la présidentielle se déclarent en novembre, et les votes se cristallisent fin février, début mars, note, impassible, Christian Jacob, patron des Républicains. Xavier a fait le choix d’annoncer sa candidature plus tôt. » «Evidemment, son objectif, c’est de mettre la pression sur le parti, souffle un cadre LR. Il rejoue un peu ce qu’avait fait Sarkozy en 2007, en faisant feu de tout bois. Xavier oblige les autres candidats à droite à se positionner par rapport à lui. »
Jeudi, Bruno Retailleau a réagi et assuré que la primaire de la droite « aura lieu », à l’antenne de Sud Radio. Pour départager les candidats de droite, « il faut bien voter, a lancé le patron des sénateurs LR, candidat à cette primaire. (…) La démocratie, c’est le vote : il ne faut pas en avoir peur. »
Le parti organisera-t-il cette primaire alors que Xavier Bertrand exclut d’y participer ? La maintenir serait risqué, alors que le président des Hauts-deFrance est actuellement selon les sondages le candidat le mieux coté à droite. Mais l’enterrer « risque d’être délicat », concède un cadre, « vis-à-vis des autres ténors, et surtout de Bruno Retailleau ». « On n’a pas intérêt à avoir des candidatures dissidentes, qui nous coûteraient un ou deux points et risquerait de faire perdre à la droite sa place au second tour », prévient Virginie DubyMuller, députée LR de Haute-Savoie et vice-présidente du mouvement.
«Il faudra réfléchir»
La ligne officielle reste celle « adoptée à l’unanimité» par le bureau du parti, en décembre, rappelle Christian Jacob : «Après les régionales, on regardera lors d’un congrès à la rentrée si un candidat s’impose naturellement. Si ce n’est pas le cas, il faudra réfléchir à un mode de départage. » « A Xavier Bertrand de tendre la main aux autres candidats, pour rassembler notre famille politique», estime Virginie Duby-Muller. Avant cela, l’ancien assureur devra gagner l’élection régionale dans son fief, en juin, s’il veut poursuivre sur sa lancée présidentielle.
«Son objectif, c’est de mettre la pression sur le parti.»