Biden passe le cap des cent jours
Le démocrate laisse les résultats sur la vaccination et l’économie parler pour lui, mais la crise migratoire pourrait lui coûter cher
Un président normal, pour des temps exceptionnels. Joe Biden, qui devait s’adresser au Congrès mercredi soir, passe ce jeudi le cap des cent jours à la Maison-Blanche. Pour ses débuts, il semble s’être inspiré de « no drama Obama », calme et appliqué. En trois mois, plus de la moitié des adultes américains ont reçu au moins une dose de vaccin, le Congrès a approuvé un plan de relance record, et Joe Biden a repositionné les EtatsUnis sur la scène internationale, notamment sur le climat. Le tout, sans polémique ni gaffe majeures, et avec 54 % d’Américains satisfaits. « Son plus grand succès, c’est que, contrairement à Donald Trump, il n’est pas le centre de l’attention. Joe Biden est concentré sur la tâche », estime l’ancien porte-parole du Parti républicain Doug Heye. S’agissant de la vaccination, Joe Biden s’était fixé un objectif modeste de 100 millions de doses administrées en cent jours. Les Etats-Unis ont fait deux fois mieux, avec 54 % des adultes qui ont reçu au moins une dose, et 37 % complètement vaccinés. « Donald Trump mérite plus de crédit qu’on ne lui accorde. Avec l’opération Warp Speed, il a négocié avec les laboratoires comme un PDG », juge Doug Heye. Mais, selon lui, les priorités fixées par l’administration Biden ont permis d’améliorer la logistique entre le gouvernement fédéral et les Etats : « Aujourd’hui, la pandémie semble sous contrôle, et c’est vital pour l’économie. »
Joe Biden, qui peut également se féliciter d’avoir fait adopter par le Congrès un plan de relance de près de 2 000 milliards de dollars, veut doubler la mise avec une enveloppe équivalente pour les infrastructures et le climat. Mais la bataille politique s’annonce beaucoup plus compliquée, y compris chez les démocrates, qui n’ont aucune marge au Sénat.
Face à la crise migratoire
Alors que les élections de la mi-mandat se profilent l’an prochain, les républicains espèrent profiter de la crise migratoire pour reprendre le contrôle de la Chambre. En mars, 172 000 migrants ont été arrêtés à la frontière avec le Mexique. C’est un record sur quinze ans, qui s’explique en partie par des facteurs saisonniers. «Mais l’administration Biden donne l’impression qu’elle n’était pas préparée », juge Doug Heye. Les républicains n’en demandaient pas tant. Kevin McCarthy espère devenir le speaker (président) de la Chambre si les conservateurs redeviennent majoritaires en novembre 2022. Sans ses comptes Twitter et Facebook, Donald Trump a du mal à exister et s’active en coulisses pour soutenir des candidats portant son programme America First. Joe Biden, qui espère «transformer » l’Amérique comme son modèle, Franklin Roosevelt, n’a peut-être que dix-huit mois pour y parvenir.