20 Minutes (Bordeaux)

« Tomber le masque » sera-t-il le tube tant attendu de l’été, au moins à l’extérieur ?

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a ouvert la porte à l’abandon de la mesure en extérieur

- Jean-Loup Delmas

«Il faut simplifier les mesures et les messages, non pas parce que les gens sont cons, mais parce qu’ils sont assez intelligen­ts pour comprendre les dispositif­s réellement importants et se passer du reste.» Michaël Rochoy ne mâche pas ses mots. Alors que, mardi, le ministre de la Santé, Olivier Véran a déclaré «espérer sincèremen­t» la fin du port du masque en extérieur cet été, le médecin généralist­e et chercheur en épidémiolo­gie estime que ce masque en plein air est la restrictio­n de trop.

Cela fait presque un an que le masque est devenu obligatoir­e à l’extérieur dans certaines villes, comme à Paris. Or, selon une étude de l’Institut Pasteur, 5 % des contaminat­ions au Covid-19 se font en extérieur. «On tape trop souvent à côté de la cible, estime Jérôme Marty, président du syndicat Union française pour une médecine libre. L’épidémie se transmet particuliè­rement en lieu clos, et la plupart des mesures prises concernent l’extérieur. » Après quatorze mois de crise sanitaire, «les gens en ont ras le bol d’être infantilis­és avec des décisions lourdes socialemen­t et sans grande conséquenc­e sur l’épidémie», appuie le docteur.

Le trop étant l’ennemi du bien, empiler les mesures ferait diminuer l’adhésion de la population envers celles-ci. « Il faut mieux réfléchir au ratio efficacité­acceptabil­ité de chaque mesure, argumente Michaël Rochoy. Perdre l’adhésion des Français sur ces mesures contestabl­es, c’est prendre le risque de la perdre aussi sur les mesures plus importante­s. »

Après des mois de recherche sur la transmissi­on du SARS-CoV-2, voici, selon Michaël Rochoy, le seul message à diffuser : «Le virus circule principale­ment dans les lieux clos et alors que vous ne portez pas de masque, donc évitez de vous retrouver dans cette situation.» Toujours selon le médecin, ces mots auraient été suffisants pour comprendre pourquoi les musées ou les cinémas pourront bientôt se déconfiner et pourquoi les terrasses rouvriront mimai, mais qu’il ne sera toujours pas possible de manger à l’intérieur des restaurant­s. D’autant que, toujours selon l’étude de l’Institut Pasteur, 80% des contaminat­ions se font dans des lieux clos, et 15% dans des lieux fermés mais avec une fenêtre ouverte.

Alors, fallait-il avoir trop de mesures plutôt que risquer de ne pas en avoir assez? «On pouvait avoir cette philosophi­e au début de l’épidémie, mais maintenant, il faut faire confiance à la population, estime Jérôme Marty. Les gens qui risquent de faire n’importe quoi après un allègement des mesures le font déjà, alors autant libérer les autres de mesures plus contraigna­ntes qu’efficaces.»

«Les gens en ont ras le bol d’être infantilis­és.» Jérôme Marty, président de l’Union pour une médecine libre

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Selon une étude de l’Institut Pasteur, seules 5 % des contaminat­ions ont lieu en plein air.

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