«A l’époque, la peste arrive à Bordeaux par le fleuve»
L’historien Stéphane Barry revient sur cette épidémie apparue des siècles avant le Covid-19
La pandémie de coronavirus replace l’ouvrage des historiens Stéphane Barry et Marie Fauré, Préservez-nous du Mal!, Les Bordelais face à la peste (ed. Memoring) sur le devant de l’actualité. Stéphane Barry évoque les similitudes entre les deux épidémies.
Bordeaux a-t-elle été une porte d’entrée de la peste ?
Bordeaux une des plus grandes villes portuaires de France au Moyen-Age puis sous l’Ancien Régime, mais il n’apparaît pas que l’épidémie arrive par les bateaux venant de l’Atlantique, mais essentiellement de l’arrière-pays. L’itinéraire serait certainement Marseille-Toulouse-Agen, puis Bordeaux. C’est donc certainement plus par le fleuve, qui est un axe de circulation majeur, que la maladie se propage.
Vous rappelez aussi que Bordeaux au Moyen-Age, est une ville aux rues sombres, tortueuses et sales…
L’insalubrité et le manque d’hygiène étaient extrêmes. A Bordeaux, la porte basse est à moitié remplie d’immondices, on ferme les fontaines remplies d’excréments… Les autorités en ont toutefois conscience, et multiplient les arrêts en temps de peste pour nettoyer. Tout comme aujourd’hui avec la pandémie de coronavirus, il faut malgré tout maintenir une activité économique même en temps de peste.
Pour cela, on met en place des billets de santé, en quoi consistaient-ils?
Ce sont des documents délivrés sur votre lieu de départ, attestant que celui-ci est exempt de peste. On le présente à la garde, ou à la jurade dans le cas de Bordeaux. Cela nous rappelle les attestations mises en place depuis plus d’un an… L’idée est la même pour les bateaux arrivant de l’Atlantique, qui doivent passer dès le XVIIe siècle un contrôle au niveau de l’île de Patiras, et pour les petits bateaux navigant sur la Garonne, contrôlés à Langon. Si vous venez d’une région infectée, on déballe vos marchandises pour les aérer, et l’équipage reste bloqué.