20 Minutes (Bordeaux)

Le genou à terre avant le coup d’envoi des matchs de l’Euro soulève bien des polémiques

Pourquoi l’Europe du foot se révolte contre le genou à terre avant le coup d’envoi ?

- William Pereira

Les temps sont résolument durs pour qui essaie de poser pied à terre. L’activiste de Greenpeace, auteur d’un débarqueme­nt incontrôlé en ULM juste avant France-Allemagne, mardi, en sait quelque chose. Les Bleus, qui n’ont finalement pas posé le genou au sol, en signe de protestati­on contre les discrimina­tions, aussi. « On part du principe que le genou à terre est une décision collective, a assuré Hugo Lloris pour expliquer cette volte-face. Si on doit le faire, toutes les nations doivent le faire avec l’appui de l’UEFA. »

Sauf qu’en France et même en Europe, d’unité, il n’y a point. Y compris en Hongrie, future adversaire des Bleus. Pour le Premier ministre magyar, Viktor Orban (qui mélange un peu tout), « ce n’est pas une solution » d’apporter un tel « fardeau » moral et historique dans un pays qui « n’a jamais été concerné par la traite d’esclaves ». Plus à l’est, les Belges, eux, ont été sifflés par le public du stade de Saint-Pétersbour­g pour s’être agenouillé­s. « On peut ne pas être d’accord avec l’action, mais les huées correspond­ent ici à un rejet de ces manifestat­ions », détaille Ronan Evain, directeur exécutif de Fans Europe.

« Un phénomène très américain »

« Je pense que le genou à terre, quand il a été proposé et adopté pour la première fois, était un symbole vraiment puissant, expliquait le sélectionn­eur écossais, Steve Clarke. Mais il s’est peutêtre un peu dilué. » L’ex-Strasbourg­eois Ricardo Faty estime aussi que le geste a fait son temps : « Ça reste un phénomène très américain, c’était bien au début, pour marquer le coup de l’épisode de George Floyd [tué lors d’une interventi­on policière en mai 2020]. Que ce soit institutio­nnalisé, je trouve ça déplacé, voire ridicule. »

Si les gens qui rejettent l’agenouille­ment des joueurs ne sont pas forcément racistes, la réciproque laisse peu de place au doute. Des membres d’un groupe identitair­e anglais ont ainsi été aperçus aux abords de Wembley avec une banderole incitant à huer les joueurs avant d’affronter la Croatie. Mais les joueurs anglais ont annoncé qu’ils ne lâcheraien­t rien. Ricardo Faty n’est pas entièremen­t d’accord avec l’idée de faire porter un si lourd fardeau aux joueurs : « Les joueurs ont grandi dans une diversité pour la plupart. Mais, autour du foot, il faut sanctionne­r, enlever des points, faire des huis clos... Il faut frapper fort. » Jusqu’à ce que l’ennemi pose genou à terre.

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A. Maltsev / AFP Les Belges ont été sifflés par les supporteur­s russes à Saint-Pétersbour­g.
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