20 Minutes (Bordeaux)

L’enjeu abstention

Les élections régionales et départemen­tales, dont le 1er tour aura lieu dimanche, pourraient être marquées par une forte désaffecti­on des urnes.

- Elsa Provenzano

Va-t-il repartir pour un tour ? Élu depuis 1998, le socialiste Alain Rousset brigue un cinquième mandat. « Je trouve que le jeu est assez ouvert et je crois que Rousset n’a jamais été aussi challengé qu’il l’est cette année », estime prudemment Jean Petaux, politologu­e bordelais. Ce dimanche, se tient le premier tour des élections régionales auquel participen­t sept autres candidats, dont certains pourraient bien lui donner du fil à retordre.

Deux des trois sondages réalisés depuis le mois de mai portent le président du conseil régional sortant en tête du premier tour mais dans le dernier, réalisé par France 3 et France Bleu par l’institut Ipsos, Edwige Diaz, la candidate du RN, le devance de deux points. « Elle est tellement sur ses talons qu’elle est donnée certaines fois devant, commente Jean Petaux. Il n’a pas les coudées aussi franches que ça, même s’il a les Verts en armée de réserve. » Nicolas Thierry, candidat EELV, vice-président à l’environnem­ent aux côtés de Rousset ces dernières années, s’est lancé dans la bataille à la tête d’une liste écologiste. Avant le premier sondage en mai,

Alain Rousset ne cachait pas son exaspérati­on vis-à-vis des Verts qui prennent, selon lui, facilement leurs distances avec le bilan de la majorité à laquelle ils ont appartenu et il était bien décidé à faire cavalier seul, jusqu’au bout. Mais les sondages ont peut-être entamé sa déterminat­ion. « Alain Rousset pensait certaineme­nt qu’il y aurait un différenti­el plus important par rapport au RN, estime Jean Petaux. Il est condamné à passer une alliance car le RN sera trop haut, je pense. »

Si Nicolas Thierry, crédité de 9 % à 11 % selon les sondages, passe la barre des 10 % (ce qui lui permet de se maintenir au second tour) il sera en position de force pour négocier. « Clairement, Rousset va devoir alors sortir le chéquier pour l’acheter au mercato du deuxième tour », commente le politologu­e. Celui-ci reste cependant optimiste quant à la possibilit­é d’une alliance : « Je ne pense pas que Nicolas Thierry sera jusqu’au-boutiste et posera des exigences telles que ça ferait capoter une négociatio­n d’entre-deux-tours. »

Division à droite

« À droite, c’est frappant de regarder que les scores additionné­s de Florian (LR) et Darrieusse­cq (Modem / LREM) font le score de Rousset au premier tour, selon le dernier sondage », pointe Jean Petaux. Officielle­ment, il n’existe pas de projet d’alliance pour cette droite qui part divisée. Mais, si cela changeait, ce serait une difficulté supplément­aire pour le président de région sortant. Les autres candidats (Clémence Guetté pour LFI-NPA, Eddy Puyjalon pour Le Mouvement de la ruralité / Résistons et Guillaume Perchet, pour Lutte ouvrière) auront du mal à franchir la barre des 5 %, si on en croit les sondages.

Pour le politologu­e, Rousset n’est donc pas « dans un fauteuil ». Seule certitude : « Les calculette­s vont chauffer d’ici mardi, avant le dépôt des listes pour le second tour. »

Les Français sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour des régionales. À moins d’un an de la présidenti­elle, le scrutin aura de lourdes conséquenc­es à l’échelle nationale. 20bMinutes a sélectionn­é quatre points chauds à scruter dimanche soir.

VERS UN RECORD DE L’ABSTENTION ?

C’est le premier chiffre analysé les soirs d’élection. Le spectre d’une désaffecti­on des urnes plane sur ce scrutin. Car les restrictio­ns sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19 ont empêché les candidats de mener une campagne classique, et entraîné le report de l’élection à la fin juin, en plein Euro de football et à quelques jours du début des vacances scolaires. Certains craignent que le record d’abstention de 2010 (à 53,7 %) soit battu.

DANS COMBIEN DE RÉGIONS LE RN ARRIVERA-T-IL EN TÊTE ?

Toutes les enquêtes d’opinion s’accordent sur une percée du RN. Le parti de Marine Le Pen est donné en tête en Paca, mais aussi en Bourgogne-Franche-Comté, en CentreVal-de-Loire, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Même en Bretagne, sur des terres peu favorables au parti, Gilles Pennelle, tête de liste RN, arriverait en tête. Cette poussée du Rassemblem­ent national pourrait entraîner, comme en 2015, la constituti­on de « fronts républicai­ns » de la part des autres partis.

QUEL SCORE POUR LREM DANS LES HAUTSDE-FRANCE ?

Le président sortant des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), espère une réélection pour lancer sa candidatur­e à la présidenti­elle.

En cas d’échec, il a annoncé qu’il se retirerait de la vie politique. Au coude-àcoude avec le candidat RN, Sébastien Chenu, le sort de l’ex-ministre pourrait dépendre du score de… LREM. Annoncée autour des 10 %, la candidatur­e du secrétaire d’État Laurent Pietraszew­ski dépassera-t-elle ce seuil pour se maintenir au second tour ? En cas d’échec, la triangulai­re pourrait permettre à Xavier Bertrand de l’emporter face au RN et à la liste d’union de la gauche de Karima Delli. En cas de quadrangul­aire, le sort du président sortant, rival d’Emmanuel Macron, pourrait dépendre du maintien ou non de la liste présidenti­elle.

QUI SERA EN TÊTE EN ÎLE-DE-FRANCE À GAUCHE ?

La région parisienne révèle les fractures de la gauche à l’échelle nationale. La gauche, qui a perdu la région en 2015 au profit de Valérie Pécresse, se divise en trois candidatur­es principale­s : Audrey Pulvar (PS), Clémentine Autain (LFI) et Julien Bayou (EELV).L’objectif de chacun des trois ? Éviter l’humiliatio­n d’une éliminatio­n au premier tour et arriver devant les deux autres pour prendre le leadership de l’union de la gauche face à la présidente sortante au second. Le résultat sera scruté par les états-majors des trois formations, à l’heure où chaque camp se prépare, là aussi, pour la présidenti­elle.

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Photo : U. Amez / Sipa Alain Rousset (PS), le président de région sortant, brigue un cinquième mandat.
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S. Alcalay / Sipa Xavier Bertrand, président sortant (LR) des Hauts-de-France, espère une réélection dans sa région afin de lancer sa candidatur­e à la présidenti­elle.

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