Épisode 5 : Le mensonge d’Assane
Quand le pacte a été effectif, Assane a bu. Beaucoup. Pour sa défense il s’agissait d’un anniversaire, le premier sans Étienne. Cependant, l’alcool a dû lui faire pousser de sacrées ailes, puisqu’il se retrouve face à un mail de réponse d’une éditrice qu’il ne se souvient pas avoir contactée.
« Merci de votre proposition. Nos soumissions se clôturent fin avril. Au vu de votre mail, cela ne posera aucun souci. J’ai hâte de lire votre ouvrage. Bonne journée à vous. »
La signature électronique en dessous lui confirme qu’il s’agit bien d’une directrice de collection. En cinq ans à patauger dans le monde de l’édition, il n’a jamais réussi à avoir un contact viable. Toujours des réponses automatiques, laconiques. Et forcément, c’est le jour où il écrit un mail enflammé sous le coup de l’alcool qu’il est pris au sérieux.
Il relit encore une fois son mail, dont :
« Une anthologie sur les sentiments d’un professeur en accord avec l’agonie d’une génération jugée miracle. »
Tout un programme. La suite développe à quel point il assiste, impuissant, à la façon dont on désigne les jeunes comme une solution en les noyant d’injonctions. Mais qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ! Son téléphone vibre, numéro inconnu, il décroche tout de même.
– Allô ?
– C’est moi, Louise. J’ai changé de num, bref, faut qu’on parle de ton roman terminé, j’ai eu une idée ! Son roman terminé ? Il n’a quand même pas aussi menti à son amie ?
Il semblerait bien que si. Pas le choix, il doit terminer ce premier roman même pas encore commencé.