20 Minutes (Lille)

Comment arrêter de fumer lorsqu’on est enceinte

Près de 40 % des Françaises fument au début de leur grossesse

- Anissa Boumediene

C’est au fond d’un couloir aux portes rose tendre que la Dr Isabelle Gérintes, anesthésis­tetabacolo­gue à la maternité des Bluets (Paris 12e), tient chaque jeudi une consultati­on de sevrage tabagique pour les patientes enceintes. En France, 36 % des fumeuses débutent une grossesse en fumant quotidienn­ement et 22 % continuent à fumer au cours du dernier trimestre de la grossesse, selon une étude de l’associatio­n des Droits des non-fumeurs datant de 2011. Le début du Moi(s) sans tabac ne serait-il pas l’occasion pour elles d’arrêter? « Au début, on se dit que la grossesse va suffire à nous faire arrêter le tabac, mais on se rend compte qu’on n’y arrive pas », regrette Valentine*. La jeune femme de 29 ans en est à dix cigarettes par jour, ce qui est toujours loin du paquet quotidien qu’elle fumait avant d’être enceinte.

« 75 % de mes patientes ont arrêté de fumer pendant leur grossesse. »

Dr Gérintes, tabacologu­e

« Elles savent déjà que ce n’est pas bien de fumer en attendant un bébé, souligne la Dr Gérintes. Cette consultati­on est faite pour les déculpabil­iser, leur donner confiance, leur faire prendre conscience qu’elles peuvent se libérer de l’addiction au tabac. Certaines patientes me disent qu’elles pensaient se faire engueuler en arrivant. » Valentine acquiesce et parle de cercle vicieux. « Avant chaque échographi­e, je stressais tellement pour la santé du bébé que, finalement, je fumais encore plus », raconte-t-elle. Malgré tout ce qu’elles lisent sur Internet, la plupart des futures mères sont peu informées des dispositif­s existants. « Certaines ont demandé des substituts nicotiniqu­es à leur pharmacien et n’ont reçu qu’un discours moralisate­ur en retour, déplore la Dr Gérintes. Alors que cette démarche est possible et tout à fait cohérente. » De même, « certains médecins répondent un peu au hasard, allant de la tolérance zéro à pas plus de 5 cigarettes par jour. Or, quand on fume, c’est l’apport en nicotine que l’on recherche. Plus on est en manque, plus on tire sur sa cigarette et plus on inhale de fumée au monoxyde de carbone, très nocif. » Ce dernier est responsabl­e de retards de croissance, d’accoucheme­nts prématurés et augmente les risques de grossesse extra-utérine. « A n’importe quel stade de la grossesse il y a un intérêt à arrêter de fumer, il n’est jamais trop tard », encourage la médecin. Mais chaque patiente est différente. « Pour certaines, l’accompagne­ment de la consultati­on suffit. Pour d’autres, plus dépendante­s, on prescrit de l’homéopathi­e et des substituts nicotiniqu­es, explique-t-elle. Inhalateur­s et sprays sont plutôt prescrits en deuxième intention. » Valentine, elle, doit commencer les patchs et espère fumer les dernières cigarettes de sa vie. Les chiffres sont plutôt de son côté. Chaque année, la tabacologu­e accompagne près de 150 femmes enceintes. En 2014, « 75 % de mes patientes ont fini par arrêter de fumer pendant leur grossesse. » * Le prénom a été changé.

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Il y a un intérêt à arrêter de fumer, à n’importe quel stade de la grossesse.

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