L’ex-électricien de Picasso jugé en appel
Le couple Le Guennec conteste en appel avoir recelé 271 oeuvres de Pablo Picasso
«Désolé monsieur, on ne reçoit plus les journalistes », annonce gentiment Danielle, l’épouse de Pierre Le Guennec. A quelques heures de leur deuxième procès, le couple de MouansSartoux, près de Grasse (Alpes-Maritimes), aspire à un peu de tranquillité. Pris dans une bourrasque médiatique depuis leur mise en examen en 2011, puis leur condamnation en 2015 à deux ans de prison avec sursis pour le recel de 271 oeuvres de Picasso, les retraités seront jugés en appel ce lundi, à leur demande et à celle du parquet. « J’espère qu’on reconnaîtra enfin notre innocence. Et qu’elle soit claire et nette », livre tout de même, par téléphone, Pierre Le Guennec à 20 Minutes. L’ancien électricien du maître espagnol et sa femme, qui avaient entreposé des oeuvres non signées ni inventoriées durant quarante ans dans leur garage, veulent laver leur honneur. Avec un allié d’envergure. Devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence, le couplee sera défendu par la star du barreau M Dupond-Moretti.
« Marché noir »
« Serein et confiant » grâce à ce nouveau soutien, Pierre Le Guennec devrait à nouveau plaider sa version des faits. Ce serait Jacqueline Picasso, l’épouse de Pablo, qui aurait elle-même offert à l’ancien employé du peintre, dans sa villa de Mougins, près de Cannes, un carton rempli d’oeuvres, dessins, croquis et autres esquisses. Une théorie mise à mal devant le tribunal correctionnel de Grasse en première instance. Les témoins de la famille Picasso arguant notamment que le peintre n’aurait jamais offert une telle quantité d’oeuvres, d’autant plus si ces dernières n’étaient pas signées. C’est une formidable mystification qui a été mise au jour, et c’est un enjeu de vérité qu’elle soit confirmée lors de ce nouveau procès », déclare à 20 Minutes Me JeanJacques Neuer, l’avocat de la succession Picasso. Selon lui, « cette affaire relève des aspects les plus noirs du marché de l’art ». Devant les juges grassois, le conseil de Claude Picasso avait déjà évoqué la piste d’« un blanchiment international d’oeuvres d’art ». « C’est à Pierre Le Guennec qu’on a confié ces pièces volées parce qu’il avait eu des relations avec Picasso », avait-il lâché. « Nous avons affaire à un délit particulier, au préjudice de l’humanité », avait déclaré le procureur qui avait requis cinq ans de prison avec sursis à l’encontre des Le Guennec. Il avait également estimé que les deux retraités avaient porté « préjudice à la confiance et à la mémoire » de Pablo Picasso.