20 Minutes (Lille)

Un scrutin dans tous ses Etats

Outre-Atlantique, le président est élu au terme d’un suffrage indirect complexe

- De notre correspond­ant à Los Angeles, Philippe Berry

Qui que soit le vainqueur de la présidenti­elle, la route pour parvenir jusqu’à la Maison-Blanche est longue et tortueuse.

Un suffrage indirect complexe.

Celui qui obtient la majorité absolue du vote populaire ne devient pas forcément le président. Al Gore en sait quelque chose. Les pères fondateurs, qui ne faisaient pas vraiment confiance à la populace, ont en effet choisi un système de suffrage indirect basé sur un collège électoral de grands électeurs.

Un chiffre magique : 270.

Il y a 538 grands électeurs : le chiffre 270 représente donc la majorité absolue. Le nombre de grands électeurs alloué à chaque Etat est calculé en additionna­nt leur nombre d’élus au Congrès. Les plus peuplés pèsent donc le plus lourd, notamment la Californie (55 voix), le Texas (32), New York et la Floride (29 chacun). En cas d’élection serrée, même le coin paumé du Dakota du Nord et ses trois voix peut faire pencher la balance.

Qui sont les grands électeurs?

Avant l’élection, les délégation­s régionales de chaque parti soumettent une liste. Les grands électeurs sont en général des cadres du parti et des élus locaux. Dans certains Etats, leur nom est affiché sur le bulletin de vote.

Sont-ils obligés de suivre le verdict des urnes ?

Ça dépend des Etats. Environ la moitié doivent suivre le choix du peuple. En revanche, les autres ne sont pas obligés de voter pour le candidat arrivé en tête. C’est rare, mais cela arrive : cette année, Robert Satiacum Jr, d’une tribu amérindien­ne de l’Etat de Washington, menace de ne pas donner son vote à Clinton qui est, selon lui, « un clone » de Trump.

C’est quoi un « swing state »?

Un Etat qui « balance » régulièrem­ent d’un camp à l’autre. Cette année, tout va se jouer dans huit Etats : Ohio, Floride, Caroline du Nord, Nevada, Iowa, Arizona, Géorgie et Colorado. Trump doit plus ou moins réaliser un sansfaute, ce qui semble compliqué, notamment dans le Colorado et la Caroline du Nord, où Clinton compte 3 et 4 % d’avance.

Que se passe-t-il si personne n’atteint la majorité ?

C’est le bazar. La Chambre nouvelleme­nt élue vote pour désigner le président. Cette année, le conservate­ur indépendan­t Evan McMullin pourrait s’imposer en Utah, et Clinton et Trump terminer à 266 chacun. Si les républicai­ns conservent le contrôle de la Chambre et se rebellent contre Trump, ils pourraient donc choisir cet illustre inconnu. C’est peu probable, certes, mais pas impossible.

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