Le temps des présidente-fictions
A l’approche des élections américaines, les chaînes de télé donnent le pouvoir à des femmes
Que doit Barack Obama à « 24 heures chrono »? David Palmer y devenait en 2002 le premier Noir élu à la Maison-Blanche. « Ce personnage a préparé le public conservateur de la Fox à l’idée d’avoir un président noir », juge Alexis Pichard, doctorant à l’université du Havre qui prépare une thèse sur l’imbrication du thriller et du politique dans les séries américaines après le 11-Septembre. La première femme présidente dans une série, Julia Mansfield (incarnée par Patty Duke), est apparue en 1985 dans la sitcom « Hail to the Chief », annulé au bout de sept épisodes. « Les téléspectateurs ne pouvaient pas accepter l’idée d’une femme présidente », expliquera Patty Duke dans sa biographie. Entre-temps, la télévision a contribué à faire évoluer les mentalités. Il y a dix ans, la vice-présidente Mackenzie Allen (campée par Geena Davis, soutien de Hillary Clinton) accède à la fonction suprême à la mort du président dans « Commander in Chief » sur ABC. Les avatars de Hillary Clinton ont peu à peu débarqué sur le petit écran. Le premier date de 1995 : un épisode de la série de science-fiction « Sliders » imagine Bill Clinton lui cédant sa place ! En 2009, « The Good Wife » (4) raconte « comment une femme bafouée devient une femme politique forte ».
Inspirées par Clinton
En 2012, la mini-série « Political Animals » met en scène le destin d’Elaine Barrish (Sigourney Weaver, soutien de la candidate), ancienne Première dame et femme trompée, devenue secrétaire d’Etat. « Ces femmes sont des professionnelles morales et efficaces, des surdiplômées intelligentes et modérées », note Alexis Pichard. La candidate démocrate inspire directement « Madam Secretary » (1). « Parks and Recreation » (3) s’est achevé en 2015 sur l’idée que Leslie Knope sera un jour présidente. Dans « Scandal » (2), une ex-Première dame, Mellie Grant, affronte un avatar de Trump. Shonda Rhimes, sa créatrice, supporte la campagne de Clinton. La prochaine saison de « Homeland » se déroule entre l’élection et l’investiture d’une présidente des Etats-Unis fictive. La nouvelle série « Graves » raconte la retraite d’un ancien président tandis que sa femme se lance en politique. « Hollywood, majoritairement démocrate, a peur que Donald Trump ne soit élu, et soutient Hillary Clinton », conclut le chercheur. La candidate démocrate a même joué son propre rôle dans « Broad City ».