« Un dessin est plus évocateur »
Hélène Romano, docteur en psychopathologie, s’interroge sur des albums retraçant les attentats
Confucius aurait dit : « Une image vaut mieux que mille mots. » Cette assertion prend tout son sens à la lecture de deux BD récemment sorties sur les attentats du 13 novembre 2015. Dans Mon Bataclan, Fred Dewilde les raconte de l’intérieur : ce graphiste de 50 ans était dans la salle le soir du drame. Dans 13/11, reconstitution d’un attentat, Anne Giudicelli, spécialiste du monde arabo-musulman et directrice du cabinet de conseil Terrorisc, détaille méthodiquement les événements de ce soir-là. 20 Minutes a recueilli l’avis d’Hélène Romano, docteur en psychopathologie spécialisée dans la prise en charge des blessés psychiques, sur ces ouvrages.
La BD vous paraît-elle adéquate pour évoquer de tels événements ?
La bande dessinée est une façon de communiquer, car le dessin est intrinsèquement un médiateur des émotions. Un dessin peut d’ailleurs être, par sa fulgurance, bien plus évocateur que les pages d’un récit.
Quelles sont les forces et les faiblesses de ces albums ?
Tous deux illustrent à quel point la BD est un acte créatif, qui implique la subjectivité des auteurs, même s’ils n’ont pas ici les mêmes objectifs. Dans Mon Bataclan, le témoignage est chargé d’émotions, de ressentis. L’album exprime avec justesse et pudeur ce que son auteur a vécu ; c’est le regard d’une victime, une volonté de communiquer. 13/11 est, lui, factuel, sans émotion, très distancié, car il a pour objectif d’informer sur ce qui s’est passé ce soir-là. C’est le reflet de l’histoire, présenté à la manière d’un reportage. Ses auteurs ne parlent pas d’eux, mais mettent au premier plan les terroristes.