Facebook n’a-t-il pas trop «liké» Donald Trump ?
De fausses informations auraient influé sur l’issue du scrutin
Facebook a-t-il laissé tomber l’Amérique, comme le dénonce le site Mashable ? Depuis la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle, il est reproché au géant de la Silicon Valley d’avoir, entre autres, laissé circuler de fausses informations qui ont influé sur l’issue de la campagne. Une « idée totalement folle », s’est insurgé le créateur du réseau social, Mark Zuckerberg.
Des employés rebelles
Pas si folle que ça, selon des employés « rebelles » qui auraient constitué un groupe informel cherchant à vérifier ces soupçons. Si la plateforme est capable de censurer les contenus pédopornographiques par exemple, elle devrait en faire de même avec les contenus comportant de fausses informations. Mais cela exigerait d’importants moyens humains et un contrôle déontologique permanent, qui ne fait pas partie, selon Mark Zuckerberg, de la vocation de Facebook, qui « n’est pas un média ». L’entreprise en aurait pourtant les moyens techniques, si l’on en croit des sources citées par le site Gizmodo. Une fonctionnalité permettant de repérer les fausses informations et de les supprimer du « news feed » aurait été testée en 2016 par Facebook, mais sans succès. Cet outil aurait eu toutefois un « impact disproportionné » sur les pages politiquement ancrées à droite. « Ils avaient peur d’énerver les conservateurs après les “trending topics”, estime un employé. L’affaire « trending topics » a été mise au jour en mai, lorsque d’anciens employés ont révélé que les contenus placés dans cette catégorie (censée rassembler les contenus les plus populaires) étaient sélectionnés par des employés, de façon parfois arbitraire, avec un biais politique plutôt démocrate (aux Etats-Unis). Ils ont été, depuis, remplacés par un algorithme. Un outil utilisé également pour personnaliser le « feed » de chaque utilisateur de Facebook, ce qui génère des « bulles filtrantes », accusées d’avoir renforcé les électeurs dans leurs convictions. Facebook ne remettra probablement pas en cause ces « bulles », selon Thierry Venin, chercheur au CNRS. « C’est le coeur de son modèle commercial, l’objectif, c’est de faire du big data, dans une logique publicitaire. » Or, les contenus partisans génèrent audience et engagement. D’où le malaise qui touche le réseau social, bouc émissaire de cette élection, alors que l’absention démocrate a surtout pesé le 8 novembre.