20 Minutes (Lille)

Facebook n’a-t-il pas trop «liké» Donald Trump ?

De fausses informatio­ns auraient influé sur l’issue du scrutin

- Laure Cometti

Facebook a-t-il laissé tomber l’Amérique, comme le dénonce le site Mashable ? Depuis la victoire de Donald Trump à l’élection présidenti­elle, il est reproché au géant de la Silicon Valley d’avoir, entre autres, laissé circuler de fausses informatio­ns qui ont influé sur l’issue de la campagne. Une « idée totalement folle », s’est insurgé le créateur du réseau social, Mark Zuckerberg.

Des employés rebelles

Pas si folle que ça, selon des employés « rebelles » qui auraient constitué un groupe informel cherchant à vérifier ces soupçons. Si la plateforme est capable de censurer les contenus pédopornog­raphiques par exemple, elle devrait en faire de même avec les contenus comportant de fausses informatio­ns. Mais cela exigerait d’importants moyens humains et un contrôle déontologi­que permanent, qui ne fait pas partie, selon Mark Zuckerberg, de la vocation de Facebook, qui « n’est pas un média ». L’entreprise en aurait pourtant les moyens techniques, si l’on en croit des sources citées par le site Gizmodo. Une fonctionna­lité permettant de repérer les fausses informatio­ns et de les supprimer du « news feed » aurait été testée en 2016 par Facebook, mais sans succès. Cet outil aurait eu toutefois un « impact disproport­ionné » sur les pages politiquem­ent ancrées à droite. « Ils avaient peur d’énerver les conservate­urs après les “trending topics”, estime un employé. L’affaire « trending topics » a été mise au jour en mai, lorsque d’anciens employés ont révélé que les contenus placés dans cette catégorie (censée rassembler les contenus les plus populaires) étaient sélectionn­és par des employés, de façon parfois arbitraire, avec un biais politique plutôt démocrate (aux Etats-Unis). Ils ont été, depuis, remplacés par un algorithme. Un outil utilisé également pour personnali­ser le « feed » de chaque utilisateu­r de Facebook, ce qui génère des « bulles filtrantes », accusées d’avoir renforcé les électeurs dans leurs conviction­s. Facebook ne remettra probableme­nt pas en cause ces « bulles », selon Thierry Venin, chercheur au CNRS. « C’est le coeur de son modèle commercial, l’objectif, c’est de faire du big data, dans une logique publicitai­re. » Or, les contenus partisans génèrent audience et engagement. D’où le malaise qui touche le réseau social, bouc émissaire de cette élection, alors que l’absention démocrate a surtout pesé le 8 novembre.

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La mutinerie couve au sein du réseau depuis l’élection de Donald Trump.

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