Un test au lieu du testament
Des outils détectent les maladies antibiorésistantes qui sont à l’origine de 12 000 décès par an
Al’occasion, ce vendredi, de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, 20 Minutes s’intéresse aux tests de détection rapide (TDR), outils essentiels pour lutter contre les infections résistantes aux antibiotiques. Ces dernières sont à l’origine de plus de 12000 décès par an, selon un collectif de médecins qui ont signé un Livre blanc sur le sujet. Pour ces spécialistes, l’une des solutions à la menace que représente l’antibiorésistance est l’utilisation systématique de ces tests. L’angine est un cas d’école. « Nous avons des tests qui permettent d’identifier les streptocoques A, responsables des angines bactériennes, indique Patrice Nordmann, professeur de microbiologie à l’université de Fribourg (Suisse) et directeur de l’unité Résistances émergentes aux antibiotiques de l’Inserm, qui a participé à l’élaboration des TDR. De manière imparable, ce test différencie les angines virales, qui ne nécessitent pas de traitements antibiotiques et représentent 80 à 90 % des cas d’angine, des angines bactériennes. »
Un enjeu mondial
Une problématique dont la ministre de la Santé s’est emparée. Marisol Touraine a promis de renforcer « le dépistage sur l’origine virale ou bactérienne des angines par des tests rapides » et l’« encadrement des prescriptions ». Pourtant, aujourd’hui, « en cas d’épidémie de grippe, ces TDR sont distribués gratuitement par l’assurance maladie aux médecins généralistes », souligne le Dr Bruno Coignard, directeur des maladies infectieuses de l’agence Santé publique France. Et, malgré plusieurs années de campagne, « moins de 30 % des médecins les utilisent », regrette-til. Ainsi, « une politique efficace de lutte contre l’antibiorésistance passe aussi par une éducation et une sensibilisation des médecins à cette problématique », clament de concert le Dr Coignard et le Pr Nordmann. Encore trop répandus aujourd’hui, les traitements antibiotiques inadaptés ou arrêtés en cours de route, ainsi que leur utilisation massive en santé animale, contribuent à la progression des résistances bactériennes dans le monde, avec un risque d’« impasse thérapeutique » pour les malades, soulignent les auteurs du Livre blanc. «L’enjeu est majeur pour la santé publique mondiale », insiste le Pr Nordmann. En décembre, lui et son équipe ont découvert ce qui pourrait être la souche bactérienne la plus coriace à ce jour, qui « résiste aux antibiotiques utilisés en dernier recours (carbapénèmes et ceux à la colistine) ». Une découverte qui vient « renforcer le spectre d’une résistance globale à tous les antibiotiques ».