20 Minutes (Lille)

Pour Noël, on joue ensemble, on gagne ensemble

Exit les autres jeux de société où chacun joue pour soi, place aux jeux coopératif­s

- Anne Demoulin

Faites Noël, pas la guerre ! Imaginez un jeu où il n’y aurait ni perdant, ni gagnant, mais une équipe unie autour d’un objectif commun. Bienvenue dans l’univers du jeu coopératif ! « Il connaît un essor progressif depuis quelques années, et la tendance s’accélère », constate Guillaume Lenoble, fondateur de Belugames, site spécialisé dans les jeux coopératif­s. Et il a plein d’atouts pour séduire le père Noël.

Mettre la violence hors jeu. Le concept du jeu coopératif est né aux Etats-Unis dans la mouvance non violente au moment de la guerre du Vietnam. Au début des années 1970, Stewart Brand crée les nouveaux jeux sans gagnant ni perdant. « Il n’y a pas d’éliminatio­n dans le jeu coopératif », commente le fondateur de Belugames.

L’exclusion conduit à des comporteme­nts destructeu­rs tant chez le gagnant que chez le perdant. Se réunir autour d’un objectif

commun. « Le jeu coopératif s’est ensuite développé en Allemagne, poursuit Guillaume Lenoble. Le jeu emblématiq­ue, c’est Le Verger (Haba), qui fête ses 30 ans cette année. » Vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaire­s, ce jeu consiste à récolter des fruits grâce à l’entraide avant que le corbeau ne les mange. « Les joueurs sont réunis autour d’un objectif commun positif. » Les jeux coopératif­s représente­nt désormais « 5 à 10 % du catalogue selon les enseignes ». Le jeu est en mutation, comme de nombreux pans de la société. « Pensons au covoiturag­e, à l’économie participat­ive, au coworking et aux outils de travail collaborat­ifs », souligne le spécialist­e. S’amuser vraiment avec les petits.

Pour s’amuser avec un jeu compétitif, les joueurs doivent avoir même le niveau. « Lorsqu’on joue avec un enfant, on le laisse généraleme­nt gagner. L’enfant le ressent, l’adulte s’ennuie », résume l’expert. Certains jeux coopératif­s, comme Qui l’a vu ? (Ravensberg­er), sorte de Cluedo avec des animaux, proposent « des défis pour l’adulte et d’autres pour l’enfant, chacun est stimulé à son niveau ». Avec le jeu de souplesse et d’agilité, Acrobatino (Haba), plus on est petit, plus on est fort. Et cela donne envie de rejouer : « Si on gagne, on est tous contents, si on perd tous ensemble, c’est plus facile que de perdre tout seul », estime le spécialist­e. Apprendre à faire équipe. Les jeux coopératif­s permettent de développer des qualités inhérentes au travail d’équipe. Avec le best-seller Story Cube (Asmodee), on raconte à plusieurs une histoire à l’aide de neuf dés recouverts d’idéogramme­s. « Ce jeu permet de travailler la créativité et l’écoute. Pour continuer l’histoire d’un joueur, il faut savoir écouter. » Le jeu de cartes Hanabi (Asmodee), lauréat du célèbre prix Spiel des Jahres 2013, propose aux joueurs de construire un feu d’artifice ensemble. « Seulement, on ne voit pas ses cartes, mais celles des autres joueurs, précise l’expert. Ce jeu développe donc l’empathie et la capacité à bien communique­r. » Ecoute, solidarité, respect… de belles valeurs à partager à Noël, non ?

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Le jeu collaborat­if « Le Verger », vendu à 2,5 millions d’exemplaire­s en trente ans, consiste à récolter des fruits grâce à l’entraide entre les enfants.

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