Pour Noël, on joue ensemble, on gagne ensemble
Exit les autres jeux de société où chacun joue pour soi, place aux jeux coopératifs
Faites Noël, pas la guerre ! Imaginez un jeu où il n’y aurait ni perdant, ni gagnant, mais une équipe unie autour d’un objectif commun. Bienvenue dans l’univers du jeu coopératif ! « Il connaît un essor progressif depuis quelques années, et la tendance s’accélère », constate Guillaume Lenoble, fondateur de Belugames, site spécialisé dans les jeux coopératifs. Et il a plein d’atouts pour séduire le père Noël.
Mettre la violence hors jeu. Le concept du jeu coopératif est né aux Etats-Unis dans la mouvance non violente au moment de la guerre du Vietnam. Au début des années 1970, Stewart Brand crée les nouveaux jeux sans gagnant ni perdant. « Il n’y a pas d’élimination dans le jeu coopératif », commente le fondateur de Belugames.
L’exclusion conduit à des comportements destructeurs tant chez le gagnant que chez le perdant. Se réunir autour d’un objectif
commun. « Le jeu coopératif s’est ensuite développé en Allemagne, poursuit Guillaume Lenoble. Le jeu emblématique, c’est Le Verger (Haba), qui fête ses 30 ans cette année. » Vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires, ce jeu consiste à récolter des fruits grâce à l’entraide avant que le corbeau ne les mange. « Les joueurs sont réunis autour d’un objectif commun positif. » Les jeux coopératifs représentent désormais « 5 à 10 % du catalogue selon les enseignes ». Le jeu est en mutation, comme de nombreux pans de la société. « Pensons au covoiturage, à l’économie participative, au coworking et aux outils de travail collaboratifs », souligne le spécialiste. S’amuser vraiment avec les petits.
Pour s’amuser avec un jeu compétitif, les joueurs doivent avoir même le niveau. « Lorsqu’on joue avec un enfant, on le laisse généralement gagner. L’enfant le ressent, l’adulte s’ennuie », résume l’expert. Certains jeux coopératifs, comme Qui l’a vu ? (Ravensberger), sorte de Cluedo avec des animaux, proposent « des défis pour l’adulte et d’autres pour l’enfant, chacun est stimulé à son niveau ». Avec le jeu de souplesse et d’agilité, Acrobatino (Haba), plus on est petit, plus on est fort. Et cela donne envie de rejouer : « Si on gagne, on est tous contents, si on perd tous ensemble, c’est plus facile que de perdre tout seul », estime le spécialiste. Apprendre à faire équipe. Les jeux coopératifs permettent de développer des qualités inhérentes au travail d’équipe. Avec le best-seller Story Cube (Asmodee), on raconte à plusieurs une histoire à l’aide de neuf dés recouverts d’idéogrammes. « Ce jeu permet de travailler la créativité et l’écoute. Pour continuer l’histoire d’un joueur, il faut savoir écouter. » Le jeu de cartes Hanabi (Asmodee), lauréat du célèbre prix Spiel des Jahres 2013, propose aux joueurs de construire un feu d’artifice ensemble. « Seulement, on ne voit pas ses cartes, mais celles des autres joueurs, précise l’expert. Ce jeu développe donc l’empathie et la capacité à bien communiquer. » Ecoute, solidarité, respect… de belles valeurs à partager à Noël, non ?