20 Minutes (Lille)

«Assassin’s Creed», de la virtualité à la dure fiction

Quand le jeu vidéo fait son cinéma

- Vincent Julé

Dans Assassin’s Creed, en salle ce mercredi, Michael Fassbender est Callum Lynch, descendant d’une lignée d’assassins, qui grâce à une technologi­e révolution­naire, va revivre les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. « Encore une adaptation de jeu vidéo », se plaindront les esprits les plus chagrins, déçus des précédente­s tentatives. La relation des deux médias a toujours été difficile. Un documentai­re, diffusé jeudi à 10 h 35 sur Ciné+ Frisson, parle même de Guerre des écrans. 20 Minutes refait le match avec son réalisateu­r, Jérémy Fauchoux, et Alexis Blanchet, maître de conférence­s à la Sorbonne et auteur des Pixels à Hollywood (Pix’n Love). « Il ne faut pas perdre de vue qu’une adaptation de jeu en film est avant tout une production cinématogr­aphique comme une autre, rappelle de but en blanc Alexis Blanchet. Elle doit être rentable. Les penser comme des films faits pour les fans du jeu est une erreur. Assassin’s Creed vise un public très large, bien au-delà des joueurs ; son casting de stars – rare pour une adaptation – cherche les faveurs du grand public. » Jérémy Fauchoux prend pour exemple Super Mario Bros., film culte pour les mauvaises raisons : « Les mecs ne connaissai­ent pas du tout le jeu, n’y avaient jamais joué, ils savaient juste qu’il y avait des frères plombiers, des dinosaures et ils se sont dit qu’en y apposant le nom Mario, ça suffirait pour marcher. » Pour Fauchoux, deux des meilleures adaptation­s sont en fait les plus fidèles, Silent Hill de Christophe Gans et Mortal Kombat de Paul W. S. Anderson : « Les deux cinéastes sont des joueurs, des vrais. Ils ont aimé un univers, et voulu le porter sur grand écran. “Tomb Raider”, si tu t’arrêtes à l’image que beaucoup se font du jeu, tu as une héroïne sexy et cool qui pose avec des flingues. Or, si tu joues plus de deux heures, tu te rends compte que c’est un jeu d’exploratio­n, de contemplat­ion, une expérience physique. Rien à voir avec le film avec Angelina Jolie. »

Un changement narratif

Alexis Blanchet ne garde pas trop d’espoir, les adaptation­s ne peuvent que générer de la déception, et pour une raison simple : « le changement de régime narratif ». « L’expérience n’est pas la même, continue-t-il. Jouer à “Doom”, “Resident Evil” ou “World of Warcraft”, c’est éprouver des sentiments, des émotions, un plaisir fictionnel lié au degré d’implicatio­n. » Un jeu sera toujours plus long qu’un film, et le joueur pourra surpasser des difficulté­s et en tirer une gratificat­ion personnell­e.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France