20 Minutes (Lille)

L’histoire du facteur risque dans les contrats d’affaires

- Propos recueillis par Gilles Durand * L’intérêt d’un prêt au taux abusif.

Quel mécanisme juridique a permis aux grandes fortunes de se constituer ? Une chercheuse en histoire du droit, Luisa Brunori, s’est penchée sur la question et a reçu, lundi, un prix du CNRS (Centre national de la recherche scientifiq­ue) récompensa­nt la qualité de ses travaux.

En quoi consistent vos recherches ?

Je m’intéresse aux mécanismes juridiques du capitalism­e lors des Grandes découverte­s du XVIe siècle. A cette époque, de grosses compagnies commercial­es commencent à se rendre en Amérique pour rapporter de l’or et des métaux précieux. Mais ces expédition­s nécessiten­t de gros investisse­ments. On voit arriver des investisse­urs qui s’enrichisse­nt sans travailler.

En quoi ces investisse­ments sont-ils inédits du point de vue juridique ?

Ils sont contraires à la mentalité médiévale qui veut que celui qui engage de l’argent dans une entreprise participe aussi au travail. Gagner autant d’argent sans travailler est considéré comme de l’usure*. Le juriste doit

donc justifier cet enrichisse­ment extravagan­t et soudain. Le facteur risque apparaît alors dans les contrats car la moitié des navires ne rentre pas.

Vous travaillez sur un sujet très marqué politiquem­ent…

Quand j’avais 18 ans, je militais en Italie à Attac, un collectif qui s’intéressai­t à ce type de capitalism­e monétaire et financier. Je dirige aussi un autre projet qui vise l’histoire de l’économie sans travail. J’essaie de comprendre comment ont évolué les relations financière­s et spéculativ­es.

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Luisa Brunori est spécialisé­e en histoire du droit.

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