L’histoire du facteur risque dans les contrats d’affaires
Quel mécanisme juridique a permis aux grandes fortunes de se constituer ? Une chercheuse en histoire du droit, Luisa Brunori, s’est penchée sur la question et a reçu, lundi, un prix du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) récompensant la qualité de ses travaux.
En quoi consistent vos recherches ?
Je m’intéresse aux mécanismes juridiques du capitalisme lors des Grandes découvertes du XVIe siècle. A cette époque, de grosses compagnies commerciales commencent à se rendre en Amérique pour rapporter de l’or et des métaux précieux. Mais ces expéditions nécessitent de gros investissements. On voit arriver des investisseurs qui s’enrichissent sans travailler.
En quoi ces investissements sont-ils inédits du point de vue juridique ?
Ils sont contraires à la mentalité médiévale qui veut que celui qui engage de l’argent dans une entreprise participe aussi au travail. Gagner autant d’argent sans travailler est considéré comme de l’usure*. Le juriste doit
donc justifier cet enrichissement extravagant et soudain. Le facteur risque apparaît alors dans les contrats car la moitié des navires ne rentre pas.
Vous travaillez sur un sujet très marqué politiquement…
Quand j’avais 18 ans, je militais en Italie à Attac, un collectif qui s’intéressait à ce type de capitalisme monétaire et financier. Je dirige aussi un autre projet qui vise l’histoire de l’économie sans travail. J’essaie de comprendre comment ont évolué les relations financières et spéculatives.