Le nouveau grand nom de l’anime
Le film de Makoto Shinkai remporte un succès inattendu au Japon
C’est l’un des plus beaux films d’animation de l’année et un succès inattendu au Japon. Your Name de Makoto Shinkai est à découvrir toutes affaires cessantes dès le 28 décembre. L’histoire d’un garçon de la ville et d’une fille de la campagne qui échangent régulièrement leur corps sans pouvoir l’expliquer, envoûte tant par son scénario original que par sa beauté visuelle. Le réalisateur de Garden of Words (2014) a accepté de mettre en lumière les hommages de ce drame sublime à la culture japonaise et à ses mystères, aux lecteurs de 20 Minutes.
Changement de corps
L’héroïne s’ennuie dans son village tandis que le héros, un peu empoté, découvre bien des choses grâce à elle. Leurs échanges, parfois fort drôles, sont au centre de ce poème universel quand il parle d’amour. « Quand j’étais écolier, je rêvais de me glisser dans le corps des filles, car elles me semblaient plus intéressantes que les garçons qui étaient de vrais singes ! se souvient le réalisateur. Quand je suis amoureux, j’aimerais pourvoir me glisser dans la tête de la femme que j’aime pour mieux la comprendre. C’est de là qu’est venue l’idée du film. » Un bracelet en soie revêt une importance capitale dans l’intrigue. Il s’agit d’une tresse de cérémonie traditionnelle qui s’arrache au pays du Soleil levant depuis le succès du film. « Bien sûr, il y a la notion que les personnes qui s’aiment sont liées, insiste Shinkai. Mais le concept est plus complexe que cela. Quand on regarde bien la tresse des héros, on y voit le bleu du lac, le rouge du crépuscule et le blanc de la comète : toute l’action est résumée dans ces fils entremêlés. » La comète qui tombe sur une petite ville paisible provoque à la fois suspense, horreur et émerveillement. Elle va changer les destins des héros et de leur entourage. La scène de sa chute est l’une des plus fortes du film. « J’ai choisi la comète parce que son passage est cyclique. C’était une façon d’évoquer la catastrophe naturelle qui a ravagé notre pays en 2011, préciset-il. Nous savons que les séismes arrivent régulièrement et que Tokyo peut disparaître du jour au lendemain. Nous vivons avec cette idée fermement ancrée dans nos têtes. »