On n’a rien compris, on adore
« Bonne année, bonne santé, faut qu’on parle de “The OA”. » Si vos collègues vous ont accueilli comme ça, entre deux bises, à la machine à café : bienvenue au club ! Mise en ligne tout juste avant les fêtes, la nouvelle série de Netflix a déboulé sans prévenir. Mais l’histoire de Prairie, une jeune aveugle qui, sept ans après avoir disparu, réapparaît en ayant recouvré la vue, n’a rien de la consensuelle fable de Noël. Au bout des huit épisodes, le spectateur se retrouve secoué de points d’interrogation, sans être sûr d’avoir tout compris.
« C’est une série où tu n’as pas de certitude. Elle est inattendue dans son déroulement, elle prend toujours la direction opposée de celle que l’on pense qu’elle va suivre », souligne Renan Cros, critique séries chez Stylist. Les créateurs de « The OA », Zat Batmanglij et Brit Marling – qui incarne l’héroïne principale –, assument toutes les audaces. Le duo a osé coucher sur le papier des idées flirtant avec le ridicule ou le too much. La brutalité du fait divers côtoie l’esthétique new age, les codes mélodramatiques se heurtent à ceux des séries pour ados, et les accents anxiogènes s’entrechoquent avec des élans de pure naïveté. « Pour Zat Batmanglij et Brit Marling, “The OA” n’est pas une série, mais un film de huit heures, dont chaque épisode constituerait un chapitre », reprend Renan Cros. Pour le spectateur, « The OA » semble perpétuer la tradition du conte oral, des récits narrés au coin du feu.