20 Minutes (Lille)

Yes, he could

Barack Obama prononce ce mardi son discours d’adieu. Le président américain, qui aura suscité beaucoup d’espoirs, laisse un bilan mitigé.

- Laure Cometti

L’heure du bilan a sonné pour Barack Obama, qui prononce, ce mardi, à Chicago, son « farewell address » (discours d’adieu en VF). Le 44e président des Etats-Unis cède sa place à Donald Trump après deux mandats. 20 Minutes a essayé de dresser un état des lieux de son action.

Une relance économique ternie

par des inégalités accrues. Barack Obama est arrivé au pouvoir en 2008, au milieu d’une crise financière et économique majeure. Son premier défi a été de redresser la barre, avec « un plan de relance qui a permis d’injecter 800 milliards de dollars dans l’économie américaine », souligne Vincent Michelot, professeur d’histoire politique des États-Unis à Sciences Po Lyon. Certes, « l’emploi est reparti, mais la reprise ne s’est pas matérialis­ée pour les Américains les moins diplômés et les inégalités se sont creusées », observe le chercheur. John R. Mac Arthur, directeur du Harper’s Magazine et auteur de L’Illusion Obama, estime qu’il aurait pu faire davantage pour « encadrer la spéculatio­n financière ou freiner les délocalisa­tions qui nuisent au Midwest ». Obamacare, LA grande réforme de sa présidence? Pour Vincent Michelot, la loi sur l’assurance maladie surnommée Obamacare est « LE texte de sa présidence » qui a permis à 16 à 20 millions d’Américains d’être assurés. John R. Mac Arthur, lui, est toutefois « déçu » : « Des millions d’entre eux n’ont toujours rien, et la loi renforce le pouvoir des assurances privées, sans

encadrer le prix des médicament­s. » Des rapprochem­ents diplomatiq­ues et des échecs à l’étranger.

Sur le plan diplomatiq­ue, « sa grande réussite est l’accord avec l’Iran » pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, affirme John R. Mac Arthur. Obama a également posé les rails d’une normalisat­ion des relations avec Cuba dès décembre 2014. Il n’a pas tout à fait tenu une de ses promesses de campagne, le retrait des troupes d’Irak et d’Afghanista­n, où il reste respective­ment 5 000 et 8 400 soldats américains. En ce qui concerne le conflit syrien, Barack Obama a lui-même confessé une forme d’impuissanc­e sur ce dossier. « En changeant d’avis et en refusant une interventi­on, il a fait le bon choix », juge John R. Mac Arthur. Enfin, l’exécution d’Oussama Ben Laden en mai 2011 a elle aussi fait débat, certains déplorant que le leader d’Al-Qaida n’ait pu être jugé et incarcéré. Violences et tensions raciales. La hausse du nombre de tués par arme à feu et de morts de Noirs américains ont marqué les deux mandats du démocrate. John R. Mac Arthur déplore un statu quo sur le racisme, les droits civiques et la surveillan­ce de masse (l’affaire Snowden a été révélée en 2013). « Pour réformer le pays, il aurait fallu réformer le parti démocrate. Il ne l’a pas fait, ce qui explique en partie le résultat de la présidenti­elle. » Vincent Michelot, quant à lui, rappelle qu’aux Etats-Unis, le président n’a pas le pouvoir de changer le Code pénal ni de lutter contre le lobby pro-armes. Une réalité loin de la « présidence magique » imaginée par les Européens.

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Barack Obama prononce, ce mardi, à Chicago, son discours d’adieu.

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