La Coupe du monde à 48, une question d’argent
La Fifa doit entériner la formule d’une Coupe du monde à 48 équipes pour l’édition 2026
«Faites-le pour les pauvres. » L’imploration, signée Samuel Eto’o fin décembre, était adressée à Gianni Infantino. Le patron de la Fifa, qui manoeuvre pour redorer l’image d’une institution plombée par la corruption, n’en demandait pas tant. Lors de sa candidature, l’Italien avait proposé d’élargir la Coupe du monde à 48 équipes (au lieu de 32), avec deux places supplémentaires minimum en phase finale pour l’Afrique. Le gouvernement du foot mondial se prononce ce mardi sur cette proposition, dans laquelle David Trezeguet, entre autres, voit « un souci d’équité » et que Diego Maradona juge « fantastique ». Bref, la propagande, sur fond d’égalité des chances, fonctionne à plein. Mais d’autres raisons, moins vertueuses, sous-tendent, peut-être, le projet. « Il y a un côté démagogique et électoraliste dans cette promesse, qu’Infantino, désormais élu président de la Fifa, doit tenir vis-à-vis de l’Afrique notamment, analyse Vincent Chaudel, économiste du sport chez Wavestone. Car le fait d’avoir 48 sélections invitées à la fête a pu inciter des votes en sa faveur, notamment de petits pays, qui voyaient là une opportunité historique de prendre part à une Coupe du monde. »
Un sacré pactole en jeu
Un autre intérêt, et non des moindres, pourrait expliquer la défense ardente de Gianni Infantino pour un Mondial élargi. Avec cette nouvelle version, 605 millions d’euros supplémentaires rentreraient dans les poches de la Fifa, selon un rapport confidentiel de l’instance, consulté par l’AFP. Les revenus nets atteindraient près de 4 milliards d’euros, contre 3,36 milliards pour le Mondial 2018 en Russie, selon les projections. Dans le même temps, les revenus des droits de télévision progresseraient de 480 millions et ceux du marketing de 351 millions. Il apparaît clair que cet élargissement favoriserait deux continents : l’Afrique, qui a apporté ses voix à l’élection d’Infantino, et l’Asie, qui investit des sommes folles dans le football ces dernières années et est candidate à l’organisation d’un Mondial. « L’Afrique est avant tout une terre de talents, ce n’est pas là qu’il y a le plus d’argent à aller chercher. En revanche, l’Asie, et la Chine en particulier, est un marché en développement », résume Vincent Chaudel. La promesse d’Infantino est belle, mais pour la morale, c’est une autre histoire.