20 Minutes (Lille)

Malgré des prises de position édulcorées, le FN reste un parti d’extrême droite

Le FN cherche l’équilibre entre « radicalité et crédibilit­é »

- Anne-Laëtitia Béraud

Déclaratio­ns expurgées de propos fracassant­s de l’ère Jean-Marie Le Pen, blog versant dans l’intime, clip de campagne centré sur « la femme, la mère, l’avocate », économie des déplacemen­ts, indignatio­n laissée à ses lieutenant­s... Marine Le Pen a bel et bien engagé une nouvelle stratégie de communicat­ion. Selon Gilles Ivaldi, chargé de recherches CNRS à l’université de Nice-Sophia Antipolis, la présidente du Front national et candidate à la présidenti­elle « vise à humaniser la personnali­té politique [clivante], alors que le programme n’a pas réussi, seul, à séduire. » La parole et l’image ont été lissées, il en est de même pour le programme présidenti­el : la peine de mort devient conditionn­ée à un « référendum d’initiative populaire » requérant 500 000 signatures. Quant à la question de l’IVG, à l’origine d’une querelle ouverte entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot en décembre 2016, elle est évacuée du projet.

Les mêmes fondamenta­ux

Le cru 2017 du Front national serait-il donc nouveau? Pas si sûr… Anaïs VoyGillis, membre de l’Observatoi­re européen des extrêmes, considère qu’« il reste au FN des marqueurs à l’extrême droite de l’échiquier politique : l’ethno-différenti­alisme, la préférence nationale rebaptisée “priorité nationale”, l’opposition entre “élites mondialisé­es” et “patriotes”, l’immigratio­n avec le discours sur l’ennemi intérieur qui est aujourd’hui l’islam après avoir été le communisme. » Pour Emmanuelle Reungoat, spécialist­e des partis politiques, « il n’y a pas de rupture sur le programme avec Jean-Marie Le Pen. Les fondamenta­ux sont toujours là même si la communicat­ion a été édulcorée. » Par cette double opération, le candidate espère tenir un fragile équilibre « entre radicalité et recherche de crédibilit­é » pour convaincre de nouveaux électeurs sans perdre les fidèles, estime Gilles Ivaldi. Car si Marine Le Pen est donnée en tête des sondages au premier tour de la présidenti­elle, elle reste toujours battue au second tour. Une « crédibilit­é » toujours à la peine, qui signerait un échec de la « dédiabolis­ation » entreprise après son accession à la tête du FN en 2011, selon Emmanuelle Reungoat.

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Marine Le Pen lors des assises présidenti­elles du FN, à Lyon, les 4 et 5 février.

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