Malgré des prises de position édulcorées, le FN reste un parti d’extrême droite
Le FN cherche l’équilibre entre « radicalité et crédibilité »
Déclarations expurgées de propos fracassants de l’ère Jean-Marie Le Pen, blog versant dans l’intime, clip de campagne centré sur « la femme, la mère, l’avocate », économie des déplacements, indignation laissée à ses lieutenants... Marine Le Pen a bel et bien engagé une nouvelle stratégie de communication. Selon Gilles Ivaldi, chargé de recherches CNRS à l’université de Nice-Sophia Antipolis, la présidente du Front national et candidate à la présidentielle « vise à humaniser la personnalité politique [clivante], alors que le programme n’a pas réussi, seul, à séduire. » La parole et l’image ont été lissées, il en est de même pour le programme présidentiel : la peine de mort devient conditionnée à un « référendum d’initiative populaire » requérant 500 000 signatures. Quant à la question de l’IVG, à l’origine d’une querelle ouverte entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot en décembre 2016, elle est évacuée du projet.
Les mêmes fondamentaux
Le cru 2017 du Front national serait-il donc nouveau? Pas si sûr… Anaïs VoyGillis, membre de l’Observatoire européen des extrêmes, considère qu’« il reste au FN des marqueurs à l’extrême droite de l’échiquier politique : l’ethno-différentialisme, la préférence nationale rebaptisée “priorité nationale”, l’opposition entre “élites mondialisées” et “patriotes”, l’immigration avec le discours sur l’ennemi intérieur qui est aujourd’hui l’islam après avoir été le communisme. » Pour Emmanuelle Reungoat, spécialiste des partis politiques, « il n’y a pas de rupture sur le programme avec Jean-Marie Le Pen. Les fondamentaux sont toujours là même si la communication a été édulcorée. » Par cette double opération, le candidate espère tenir un fragile équilibre « entre radicalité et recherche de crédibilité » pour convaincre de nouveaux électeurs sans perdre les fidèles, estime Gilles Ivaldi. Car si Marine Le Pen est donnée en tête des sondages au premier tour de la présidentielle, elle reste toujours battue au second tour. Une « crédibilité » toujours à la peine, qui signerait un échec de la « dédiabolisation » entreprise après son accession à la tête du FN en 2011, selon Emmanuelle Reungoat.