20 Minutes (Lille)

Les pistes de réforme de la police (et ce qui bloque)

Des associatio­ns ont présenté leurs pistes pour lutter contre le racisme et les violences

- Oihana Gabriel

Lundi, des représenta­nts de SOS Racisme, du Conseil représenta­tif des associatio­ns noires de France (Cran), de la Ligue des droits de l’homme (LDH), de la Ligue internatio­nale contre le racisme et l’antisémiti­sme (Licra) et du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ont été reçus par le Premier ministre, Bernard Cazeneuve. L’occasion pour ces associatio­ns de proposer des pistes pour lutter efficaceme­nt contre le racisme et les violences policières, après l’affaire Théo.

Réforme de l’affectatio­n et de la formation.

Blaise Cueco, membre du bureau national de SOS Racisme, milite pour une réforme de l’affectatio­n : « Aujourd’hui, les plus jeunes et les moins bien notés se retrouvent dans les zones les plus difficiles. C’est problémati­que. » Quant à la réforme de la formation des policiers, les associatio­ns souhaitent qu’elle englobe « une déconstruc­tion de leurs préjugés » : « Une bonne partie des étudiants en école de police ne connaissen­t les quartiers difficiles que par des préjugés. Les jeunes policiers sont terrorisés… et les jeunes des quartiers aussi », poursuit Blaise Cueco.

Retour d’une police de proximité.

« Cette police de proximité existait sous Jospin et, à l’époque, il y avait moins d’agressivit­é du côté des jeunes comme des policiers, plaide Sylvain Goldstein, président du Mrap 93. Le fonctionna­ire n’était pas seulement l’agent avec une matraque, mais aussi le camarade de foot! » Une suggestion évacuée par l’exécutif qui a rappelé que Nicolas Sarkozy avait supprimé cette police de proximité ainsi que 45000 agents. Son rétablisse­ment nécessiter­ait un effort énorme en matière d’embauches.

Récépissé versus caméra-piéton.

Longtemps demandée par les associatio­ns, la solution du récépissé (remis à la suite d’un contrôle d’identité afin d’éviter les vérificati­ons à répétition et au faciès) « a été évacuée » lundi, regrette Pierre Tartakowsk­y, de la LDH. « On nous a répondu que les caméraspié­tons étaient plus efficaces », précise Sylvain Goldstein. Pourtant, toutes ces associatio­ns se montrent très sceptiques. « Même avec le déploiemen­t des 2600 caméras-piétons, seulement 1 % des policiers seront équipés », reprend le membre du Mrap. « Je pense qu’on a fait une grande erreur en refusant le récépissé, qui n’a pas la même mission que la caméra, assure Pierre Tartakowsk­y. La caméra, c’est celui qui la porte qui la déclenche. Et cela n’empêche pas le contrôle au faciès. On nous a répondu que le récépissé, c’était beaucoup de travail pour les policiers. »

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Scène de violences urbaines, samedi, à Bobigny, en marge d’une manifestat­ion en soutien à Théo.

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