Les pistes de réforme de la police (et ce qui bloque)
Des associations ont présenté leurs pistes pour lutter contre le racisme et les violences
Lundi, des représentants de SOS Racisme, du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), de la Ligue des droits de l’homme (LDH), de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ont été reçus par le Premier ministre, Bernard Cazeneuve. L’occasion pour ces associations de proposer des pistes pour lutter efficacement contre le racisme et les violences policières, après l’affaire Théo.
Réforme de l’affectation et de la formation.
Blaise Cueco, membre du bureau national de SOS Racisme, milite pour une réforme de l’affectation : « Aujourd’hui, les plus jeunes et les moins bien notés se retrouvent dans les zones les plus difficiles. C’est problématique. » Quant à la réforme de la formation des policiers, les associations souhaitent qu’elle englobe « une déconstruction de leurs préjugés » : « Une bonne partie des étudiants en école de police ne connaissent les quartiers difficiles que par des préjugés. Les jeunes policiers sont terrorisés… et les jeunes des quartiers aussi », poursuit Blaise Cueco.
Retour d’une police de proximité.
« Cette police de proximité existait sous Jospin et, à l’époque, il y avait moins d’agressivité du côté des jeunes comme des policiers, plaide Sylvain Goldstein, président du Mrap 93. Le fonctionnaire n’était pas seulement l’agent avec une matraque, mais aussi le camarade de foot! » Une suggestion évacuée par l’exécutif qui a rappelé que Nicolas Sarkozy avait supprimé cette police de proximité ainsi que 45000 agents. Son rétablissement nécessiterait un effort énorme en matière d’embauches.
Récépissé versus caméra-piéton.
Longtemps demandée par les associations, la solution du récépissé (remis à la suite d’un contrôle d’identité afin d’éviter les vérifications à répétition et au faciès) « a été évacuée » lundi, regrette Pierre Tartakowsky, de la LDH. « On nous a répondu que les caméraspiétons étaient plus efficaces », précise Sylvain Goldstein. Pourtant, toutes ces associations se montrent très sceptiques. « Même avec le déploiement des 2600 caméras-piétons, seulement 1 % des policiers seront équipés », reprend le membre du Mrap. « Je pense qu’on a fait une grande erreur en refusant le récépissé, qui n’a pas la même mission que la caméra, assure Pierre Tartakowsky. La caméra, c’est celui qui la porte qui la déclenche. Et cela n’empêche pas le contrôle au faciès. On nous a répondu que le récépissé, c’était beaucoup de travail pour les policiers. »