Un étudiant prêt à traverser la Manche pour la science
Un élève de l’Insa Lyon va traverser la Manche à la nage en s’équipant de capteurs
Dans l’eau, Pierre-Julian Pourantru se transforme en cobaye humain. Cet étudiant de l’Insa Lyon s’est lancé dans un projet hors-norme : il se prépare à traverser la Manche à la nage en juillet, équipé d’un simple maillot de bain et de quelques capteurs. Environ 300 personnes tentent chaque année la traversée, sur un parcours de 45 km environ. Mais cet exploit essentiellement sportif, Pierre-Julian Pourantru veut le rendre scientifique.
Peu d’études sur le sujet
Le projet, mené en lien avec l’université de Lyon, a déjà récolté 10 000 € de financements auprès de divers partenaires, et 1 500 € auprès des particuliers. L’un des partenaires, l’entreprise Bodycap, fournit un capteur de température interne… à avaler. « On le prend comme un cachet, et ça enregistre la température corporelle en permanence », détaille Pierre-Julian Pourantru. Rythme cardiaque, pression artérielle, fréquence de nage : les paramètres seront analysés par Rémi Poupelloz, étudiant en master-1 recherche. C’est lui qui suit scientifiquement le projet, au sein du laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM). La tentative de traversée permettra, selon Pierre-Julian Pourantru, de « mieux comprendre l’adaptation du corps au froid », et la gestion de la fatigue. « Le suivi physiologique en endurance a été fait en course à pied, mais rarement en natation », observe d’ailleurs Rémi Poupelloz, qui n’a retrouvé qu’une seule étude sur le sujet. L’entraînement a d’ailleurs déjà livré quelques enseignements sur la thermorégulation du corps. « On s’est rendu compte qu’en augmentant la fréquence des mouvements de nage, de 40 à 60 par minutes, la température corporelle se maintenait mieux, sans fatiguer beaucoup plus », précise Rémi Poupelloz. Pierre-Julian Pourantru pense pouvoir traverser le détroit en « dix à douze heures » (le record est à 6 h 55). L’étudiant bénéficie d’un emploi du temps aménagé à l’Insa, et il comptait déjà, avant ce projet, parmi les meilleurs Français en eau libre.