Les tribulations d’un migrant en Finlande
« L’Autre Côté de l’espoir » épingle l’absurdité humaine
Parvenir à faire sourire avec les épreuves d’un réfugié syrien débarqué à Helsinki n’est pas donné à tout le monde. L’Autre Côté de l’espoir permet à Aki Kaurismäki de relever ce défi avec son goût familier pour l’humour absurde, idéal pour dénoncer les mesquineries de l’espèce humaine tout en lui faisant une puissante déclaration d’amour. Cette fable, récompensée par l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale 2017, entremêle les destins d’un clandestin qui tente de trouver une place dans une ville grise et d’un restaurateur improvisé cherchant à séduire une clientèle avide d’exotisme. « Je montre mon optimisme d’homme désespéré », confie le cinéaste finlandais. Le désespoir, le spectateur le ressent face à des skinheads qui persécutent le héros ou à une administration cruelle prête à le renvoyer à Alep alors que les combats y font rage. Le propriétaire du restaurant qui recueille ce laissé-pwwour-compte redonne foi en l’humanité tant ses employés, et même sa chienne (celle du cinéaste), lui apportent de la chaleur. « C’est de la solidarité du peuple que viendra le salut, j’en suis persuadé ! » assène le réalisateur du Havre (2011) et de L’Homme sans passé (2008).
Une drôle de poésie
Voir le personnel se déguiser en Japonais de carnaval pour vendre des sushis peu engageants est l’un des moments les plus drôles de ce film généreux. « Le rire est un bon moyen de faire passer ce que j’ai envie de dire », insiste le cinéaste. Couleurs passées, bande-son mélancolique… Aki Kaurismäki nous entraîne dans son tendre univers. « J’essaye de trouver des plages de beauté au coeur de la morosité ambiante. L’être humain peut réserver de bonnes surprises, même si je crois davantage à la bonté des chiens », plaisante ce dernier. L’Autre Côté de l’espoir fait du bien comme un verre d’aquavit par un matin givré.