20 Minutes (Lille)

Le feu couve

Plusieurs milliers de pompiers profession­nels ont défilé mardi à Paris pour dénoncer la baisse des effectifs et la dégradatio­n de leurs conditions de travail.

- Thibaut Chevillard

«Nous sommes de plus en plus sollicités alors que nous disposons de moins en moins de personnels et de matériel », résume Jonathan, l’un des 2 500 sapeurs-pompiers, selon la préfecture de police, à avoir manifesté, mardi, à Paris. « C’est un travail que nous avons choisi, mais qui est plus compliqué à exercer qu’avant », regrette-t-il, tandis que ses collègues, fumigènes à la main, prennent la direction de la place de la Bastille dans un bruit assourdiss­ant de pétards. Les hommes du feu dénoncent la diminution de la contributi­on de l’Etat aux collectivi­tés territoria­les, qui répercuten­t cette baisse sur les services départemen­taux d’incendie et de secours (Sdis). « Les budgets fondent et les effectifs aussi », assure Jérôme François, secrétaire général de l’Unsa-Sdis. « L’Etat peut essayer de faire croire que le service sera le même, mais ce n’est pas vrai », ajoute pour sa part Sébastien Delavoux, de la CGT des Sdis, qui dénonce également « un tassement des recrutemen­ts de pompiers profession­nels ».

Toujours plus de burn-out

Il y avait, en 2015, 246 900 sapeurspom­piers. Parmi eux, 41 000 étaient profession­nels. Un chiffre quasiment stable depuis 2010. Entre-temps, le nombre d’interventi­ons a augmenté de 5,8 %, selon le ministère de l’Intérieur. « Les sapeurs-pompiers profession­nels sont fatigués et de plus en plus nombreux à souffrir de burn-out », poursuit Jonathan, le Nordiste. Autre conséquenc­e du ralentisse­ment des recrutemen­ts, l’augmentati­on de la moyenne d’âge des pompiers profession­nels, remarque Rémy Chabbouh, porte-parole du syndicat SUD Sdis national. Or, « plus on avance en âge, moins on récupère facilement », note pour sa part Vincent, qui exerce depuis treize ans en Bretagne. Selon les manifestan­ts, les pompiers volontaire­s remplacent de plus en plus souvent leurs collègues profession­nels. « Ça coûte moins cher », souffle Frédéric. Mais, « quand ils sont d’astreinte, ils attendent les alertes depuis chez eux. Par conséquent, ils mettent plus de temps pour intervenir sur un incendie. Ce qui laisse le temps au feu de se développer », précise Rémy Chabbouh. D’après Sébastien Delavoux, la mobilisati­on constitue un message adressé « aussi bien au gouverneme­nt actuel qu’à ceux qui vont lui succéder ». « On ne réclame pas d’augmentati­on de salaire, souligne Vincent. On a besoin de recruter. Si on continue ainsi, c’est la vie des gens qu’on va mettre en danger. »

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Place de la République, à Paris, mardi.
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Les manifestan­ts réclament, avant tout, davantage de recrutemen­ts.

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