Chez Poujoulat, les votes des salariés sont orientés
Le patron du groupe Poujoulat a envoyé un bien étrange courrier à ses employés
Je dis ça, je dis rien. L’ensemble des salariés du groupe de Poujoulat a reçu, mardi, une lettre signée de la main du président du directoire du « leader européen de la fumisterie », Frédéric Coirier. Dans cette missive, que 20 Minutes s’est procurée, le patron invite ses employés faire « le choix de la responsabilité » lorsqu’ils iront voter, dimanche, au 1er tour de l’élection présidentielle.
« Tout en sous-entendus »
Pour Julien Cardon, délégué syndical CGT de WestaFlex, filiale tourquennoise du groupe, la démarche de son patron est tout simplement inacceptable. « L’entreprise doit rester l’entreprise. La politique n’a rien à faire là-dedans », fulmine-t-il. Le salarié reconnaît néanmoins qu’il n’y a aucune consigne de vote claire dans le courrier. « C’est tout en sous-entendus. Avec ses arguments, si l’on procède par élimination, on voit très bien où M. Coirier veut en venir. Il nous invite à voter correctement selon son point de vue », assure-t-il. Les élections « auront des répercussions importantes sur [...] nos entreprises, donc vos emplois », peut-on lire dans la lettre. « L’Europe n’est pas parfaite […] mais elle constitue un immense marché dont le groupe Poujoulat bénéficie. » S’ensuit un passage évoquant un pays qui « croule déjà sous la dette », la réduction des dépenses de l’Etat et la compétitivité des entreprises. « Je parle d’économie, de conjoncture et d’enjeux, pas de politique, rétorque Frédéric Coiriez. Notre groupe dépend du marché européen, se couper de l’Europe serait très négatif pour nous. Idem si on laisse filer la dépense publique ce qui induirait davantage de charges pour les entreprises. Je ne défends pas un candidat mais l’entreprise », insiste-t-il. « C’est une démarche inappropriée mais pas illégale, estime pour sa part l’avocat nordiste Ioannis Kapopoulos, spécialiste en droit du travail. Le courrier est bien fait, il évoque le secteur d’activité de l’entreprise, même si on sent une volonté de sensibiliser à autre chose ».