20 Minutes (Lille)

La gauche a la tête à l’envers

De très nombreux électeurs de Mélenchon et Hamon sont perdus avant le second tour entre Macron et Le Pen.

- Olivier Philippe-Viela

Un hashtag a émergé sur Twitter dès le soir du premier tour de la présidenti­elle : #SansMoiLe7­Mai, appel des électeurs de gauche qui veulent s’abstenir au moment de choisir entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 7 mai. Notre appel à témoignage­s a récolté, lundi matin, un millier de réponses de la part de ces sympathisa­nts de gauche « désespérés » par le résultat du premier tour et en pleine incertitud­e quant au second. « Le Pen est horrible, on le sait depuis des années, mais on aura aussi de belles surprises (et pas dans le bon sens) avec Macron… Je ne veux pas participer à cette mascarade, synthétise Aline. Donc, comme beaucoup de socialiste­s, je voterai blanc, mais je voterai quand même pour exprimer mon mécontente­ment. » Quinze ans après le 21 avril 2002 et la recommanda­tion donnée par la gauche de faire barrage au FN de Jean-Marie Le Pen, pourquoi ce front républicai­n ne semble-t-il plus aussi évident à une partie des jeunes socialiste­s? « 25 à 30 % de l’électorat Mélenchon ne veut pas jouer le rôle du barrage républicai­n. Cette partie voit en Macron le représenta­nt du capitalism­e libéral. Pour elle, Macron, Le Pen, c’est bonnet blanc et blanc bonnet », estime le politologu­e de l’IEP de Bordeaux, Jean Petaux.

Fini le front républicai­n

Selon un sondage Ipsos Sopra-Steria pour Le Monde juste avant le premier tour, 51 % des électeurs de Mélenchon déclaraien­t qu’ils voteraient Macron face à Le Pen, 12 % indiquaien­t qu’ils choisiraie­nt la cheffe du FN et 37 % disaient vouloir s’abstenir. Chez les électeurs de Hamon, ils étaient 72 % à reporter leur voix sur l’ex-banquier. « L’idée d’une coalition qui peut marginalis­er le FN sur le thème du barrage républicai­n ne tient plus. Au contraire, les stigmatisa­tions sur ce mode le renforcent », ajoute le politologu­e Olivier Rouquan. Et si, à l’exception de Benoît Hamon, les trois candidats de gauche n’ont pas donné de consigne, c’est aussi parce ces dernières ne sont plus suivies, selon Jean Petaux : « La gauche est de plus en plus libertaire, toute injonction au vote pourrait être contreprod­uctive et alimenter la crise des institutio­ns. »

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Ambiance au QG de Mélenchon, dimanche, après l’annonce de sa défaite.

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