Des freins à l’emploi
Selon l’Observatoire européen des mobilités d’Ipsos et du Boston Consulting Group, 27 % des Français se disent « un peu trop loin de tout ». Pour désenclaver le territoire, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont leur plan.
«J’ai le permis de conduire, mais je n’ai pas les moyens de m’acheter une voiture et les bus ne desservent pas les villes près de mon domicile aux horaires de travail. Je ne sais pas si je pourrai quand même trouver un emploi », se désespère Ludivine, 26 ans, qui réside à Saulieu (Bourgogne). Un cas loin d’être isolé à en croire l’Observatoire européen des mobilités* d’Ipsos et du Boston Consulting group, qui paraît ce mercredi. Selon le sondage, 27 % des Français ont le sentiment d’être « un peu trop loin de tout ». C’est même le cas pour 32 % des 18-24 ans. Or, si les problèmes de mobilité rendent difficile l’accès aux services de proximité, « l’accès aux transports, lui, conditionne l’accès à l’emploi », souligne Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut). Selon une enquête du Laboratoire de la mobilité inclusive publiée en janvier, près d’un Français sur quatre déclare ainsi avoir déjà renoncé à un travail ou à une formation, faute de moyen pour se déplacer. Ce qui vient renforcer le sentiment d’être laissé pour compte. « Sur les 27 % de Français ayant le sentiment d’être “un peu loin de tout”, 40 % pensent que, là où ils habitent, les pouvoirs publics en font moins qu’ailleurs », souligne Sylvain Duranton, directeur associé du Boston Consulting Group.
Les candidats peu inspirés
Conscients de cette fracture territoriale, les candidats à la présidentielle se sont penchés sur le sujet. Dans son programme, Marine Le Pen promet notamment de « maintenir au maximum des hôpitaux de proximité » et de « garantir l’égal accès aux services publics (administrations, gendarmerie, eau, santé…). Quant à Emmanuel Macron, il mise, entre autres, sur l’intermodalité des transports et « un plan d’urgence pour les investissements de rénovation (rail et route) ». Pour Bruno Gazeau, il sont toutefois restés sur « des voeux pieux et ne sont pas entrés dans le détail de mesures concrètes ». Ils pourraient s’engager ainsi en amont, « en proposant, par exemple, une TVA à 5, 5 % pour le prix des transports en commun ». Si la thématique de la mobilité reste encore sous-exploitée par les candidats, « c’est aussi parce que beaucoup de questions liées aux transports sont de la compétence des régions », précise Sylvain Duranton. « Mais ils auraient quand même intérêt à s’en emparer davantage, car la mobilité est l’un des sujets sur lesquels les Français attendent vraiment du mieux. »
* Réalisé par Internet du 23 février au 28 mars, auprès de plus de 10 000 Européens, dont 1 000 Français, selon la méthode des quotas.