Sur l’art, Macron et Le Pen sont un peu légers
L’art est le grand absent de la campagne
Sécurité, dette, pouvoir d’achat... La culture a brillé par son absence au cours des débats. N’intéresserait-elle plus nos représentants politiques ? « Les élites expriment des tendances lourdes dans la société, signale Joëlle Zask, philosophe, auteure d’Art et démocratie. En France, il y a une certaine forme de détestation de l’art, de la culture et de l’intelligence, qui ont une image bobo, bling bling, élitiste… » Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont bien fait quelques propositions, mais sans grande ambition.
Un pass culture à 500€.
Emmanuel Macron propose d’offrir 500€ pour permettre à tous les jeunes de 18 ans « d’accéder à des contenus culturels ». Le candidat veut le financer principalement par les grands acteurs du numérique, qui n’ont pas encore réagi à cette proposition. Joëlle Zask considère que « ce type de dispositif a un rôle très positif ». Pour Julie Sauret, consultante pour des structures culturelles, « l’accès à la culture n’est pas qu’une question de moyens, il faut aussi se sentir autorisé à entrer dans les institutions culturelles. L’école joue un rôle important là-dedans. »
Protéger le patrimoine.
Dans un entretien au Monde paru en février, Marine Le Pen a affirmé vouloir inscrire dans la Constitution la défense et la promotion du patrimoine historique et culturel afin de cesser de le « brader à des puissances étrangères ». A cet effet, elle entend augmenter le budget de la culture. « Elle tend à rabattre la culture sur le passé, constate Joëlle Zask. On a déjà vu ce type de décisions appliquées dans des municipalités d’extrême droite : elles ont créé des commissions pour décider ce qui est bon ou pas, français ou pas, comme si l’Etat était investi de la capacité de juger ce qui doit appartenir à la culture. »
De l’art à l’école. Le candidat d’En marche! propose de développer l’éducation artistique pour les enfants, et celle du Front national veut « restaurer une véritable éducation musicale généraliste dans les établissements scolaires ». Julie Sauret regrette « l’oubli du mouvement de l’éducation populaire hérité de 1936 et du tissu associatif qui permet de toucher énormément de monde en dehors des institutions ».