Le PS envoyé sur les roses
La plateforme du programme des législatives, lancée lundi, déplaît déjà aux pro-Hamon
Après la désertion de Manuel Valls et le désaccord sur la ligne politique à adopter pour les législatives, le Parti socialiste semble plus désuni que jamais.
Le PS se trouve à nouveau face au défi de la synthèse. Après la « claque » de la présidentielle, Solférino prépare les législatives dans des conditions compliquées. La plateforme, adoptée mardi par le bureau national, est loin de faire l’unanimité. Seul le « cas Valls » a fait consensus. L’ex-Premier ministre, qui faisait de l’oeil à Emmanuel Macron depuis plusieurs semaines, a déclaré sur RTL vouloir être investi par La République en marche (LREM) dans la 1re circonscription de l’Essonne. Selon plusieurs participants, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, a tranché : « Il n’y aura pas de candidats avec deux étiquettes différentes.»
Pour ce qui est du texte de campagne pour les législatives (« Un contrat clair pour la France, une gauche constructive et vigilante »), il ne contient pas certaines mesures phares de la campagne de Benoît Hamon, comme le revenu universel d’existence, la contribution sociale sur les robots ou la sortie du nucléaire et l’abandon du diesel. Résultat, les « hamonistes » préparent « leurs » propositions. Ils veulent une « alliance la plus large possible à gauche, avec tous ceux qui voudront, pas Mélenchon puisqu’il exclut même les communistes, mais avec les Verts, le Parti radical de gauche et le Mouvement républicain et citoyen », affirme à 20 Minutes Mathieu Hanotin, fidèle de Benoît Hamon.
Le spectre de 1993
Le texte fixe aussi quelques lignes rouges par rapport au projet d’Emmanuel Macron, rejetant le recours aux ordonnances pour réformer le Code du travail et la suppression de l’impôt sur la fortune. De quoi ennuyer les socialistes réformistes de l’aile droite du parti, qui souhaitent faire un pas vers le président élu. « S’ils ne parviennent pas à tomber d’accord sur une plateforme, une scission est possible avant les législatives, entre ceux qui défendent le quinquennat Hollande et les frondeurs, qui s’opposent tant sur le fond que sur la stratégie, estime le politologue Gérard Grunberg, directeur de recherche à Sciences po. Normalement, un parti qui fait 6 % à la présidentielle est mort. » Et de faire le parallèle avec l’effondrement des socialistes du Pasok en Grèce ou de ceux du PvdA aux Pays-Bas.
« De grands noms du PS peuvent tomber aux législatives face à des candidats LREM ou de La France insoumise, estime Bruno Cautrès, directeur de recherche au CNRS. Cela pourrait faire émerger une nouvelle génération de socialistes d’ici 2022. » Un peu d’espoir pour un parti qui pourrait, selon lui, obtenir moins de 57 députés, son record aux législatives de 1993.