20 Minutes (Lille)

La décision de Trump ne pollue pas trop l’accord de Paris sur le climat

Les Etats-Unis ont confirmé vouloir se retirer du traité de Paris, pour en négocier un autre

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

Il l’a fait. Donald Trump a annoncé, jeudi, que les Etats-Unis allaient se retirer de l’accord de Paris sur le climat, tout en « commençant les négociatio­ns pour réentrer dans un autre texte ». Par l’accord de Paris, signé en décembre 2015, 195 Etats s’engagent à limiter la hausse des températur­es « bien en dessous du seuil des 2 °C par rapport aux niveaux préindustr­iels ». Sébastien Duyck, juriste spécialisé dans l’environnem­ent au Center for Internatio­nal Environmen­tal Law (CIEL), une ONG qui travaille au renforceme­nt du droit environnem­ental internatio­nal, apporte son éclairage.

Donald Trump peut-il quitter facilement l’accord de Paris ?

La quasi-totalité des traités internatio­naux imposent un délai de douze mois pour toute sortie d’un accord. Celui de Paris ajoute une clause qui dit qu’on ne peut s’en désengager sans avoir respecté un délai de réflexion de trois ans après la ratificati­on du document. Or, les Etats-Unis l’ont ratifié le 4 novembre 2016. Trump ne pourra donc pas finaliser la sortie de l’accord avant novembre 2020, soit quelques semaines seulement avant l’élection présidenti­elle américaine.

Est-ce la seule option pour lui ?

Une autre solution, plus radicale, s’offre à lui. L’accord de Paris, comme d’ailleurs le protocole de Kyoto, est intégré à la convention cadre sur le changement climatique, votée en 1992. En se retirant de cette convention cadre, les Etats-Unis se libéreraie­nt du même coup de tous les instrument­s qui ont été votés en son sein. Donald Trump n’aurait plus alors qu’à attendre un délai d’un an pour que le retrait soit effectif. Mais il ne semble pas que cette option soit envisagée par son administra­tion.

L’accord de Paris peut-il survivre à un retrait des Etats-Unis ?

Juridiquem­ent, oui. Pour entrer en vigueur, l’accord doit être ratifié par au moins 55 pays représenta­nt au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce seuil, qui a été atteint en octobre, ne devait être franchi qu’une fois. On ne revient pas dessus ensuite.

Faut-il craindre un effet domino ?

Il y a un risque que certains Etats récalcitra­nts soient tentés d’imiter Donald Trump, comme la Russie ou des pays producteur­s de pétrole ou de matières premières qui ont des émissions de gaz à effet de serre très élevées.

Quelle est la conséquenc­e de ce retrait pour les Etats-Unis ?

Trump envoie le signal à la communauté internatio­nale qu’on ne peut pas négocier avec les Etats-Unis sous son administra­tion, puisqu’on ne sait pas si le pays peut tenir sa parole et maintenir les engagement­s pris par le passé.

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A peine élu, Trump avait fait part de son projet de se retirer de l’accord.

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