C’était la dernière saison
« Fin de séries » s’intéresse à la conclusion des feuilletons
On a tous un ami qui n’arrive pas à regarder le dernier épisode de « The Leftovers » (disponible sur OCS). Il voudrait finir cette histoire qui a accompagné sa vie émotive pendant trois ans, mais il repousse… « Je comprends ça, explique Olivier Joyard, dont le documentaire Fin de séries est diffusé ce jeudi à 22 h 40 sur Canal +. Accepter la fin, c’est le travail d’une vie… » Finir une série, c’est vivre les cinq étapes du deuil.
Déni. « Je comprends ceux qui veulent créer eux-mêmes la fin et arrêtent de regarder des séries en cours, analyse Olivier Joyard. Une série n’est pas faite pour avoir une fin du point de vue industriel. Historiquement, les séries étaient conçues sur des principes de répétition à l’infini qui étaient rassurants et plaisants pour les téléspectateurs. »
Colère. « La déception, voire la colère, est inhérente à la fin d’une série, note Olivier Joyard. Mais cette colère n’a rien à voir avec la série elle-même. S’il l’aime, le spectateur en veut forcément plus, en attend forcément mieux. » Ainsi, la déception violente des fans de « Lost » n’aurait aucun lien avec la qualité du script de Damon Lindelof.
Marchandage. « Ce n’est jamais anodin de finir une série, parce que ça bouleverse notre vision de spectateur, analyse Olivier Joyard. Les fans que j’ai rencontrés m’ont souvent expliqué qu’ils avaient eu besoin d’en parler, bien plus que pour n’importe quel épisode. C’est un besoin cathartique. »
VDépression. « Certains fans tombent dans un état de pure angoisse de séparation, soupçonne le réalisateur. C’est tout à fait naturel de ressentir un vide, parce que certaines séries occupent une grande place dans la vie des gens. C’était d’autant plus fort avec les feuilletons, qui étaient des rendez-vous, presque des rituels. »
Acceptation. « Une bonne fin de série met en scène une idée de la fin. Philosophiquement, c’est assez fort. » Pour Olivier Joyard, se confronter à des fins de série fait de nous de meilleurs spectateurs, plus attentifs, plus créatifs aussi. « Achever une série, c’est aussi se projeter en arrière, y repenser avec un oeil neuf. » Allez, c’est décidé, on enterre « The Leftovers »… ce week-end. Promis.