20 Minutes (Lille)

Le baccalauré­at, une formalité?

(Vous avez 4 heures)

- Delphine Bancaud

Avec un taux de réussite de près de 90%, le bac peut paraître facile à décrocher. Mais il demande du travail et son obtention est décisive sur le marché de l’emploi.

Chaque année, à l’approche du bac, on glose sur cette épreuve dont le niveau aurait beaucoup baissé ces dernières années. Une rengaine qui repose sur l’excellent taux de réussite à l’examen : en 2016, 88,5 % des candidats ont ainsi décroché le diplôme et 79,6 % l’ont même eu du premier coup. Les récentes déclaratio­ns du ministre de l’Education, JeanMichel Blanquer, qui souhaite « remuscler » le bac pour le rendre « plus utile » aux élèves, ont enfoncé le clou. « C’est un discours méprisant, alors que le bac demeure un rite de passage et un événement important pour les familles », estime l’historien de l’éducation Jean-Baptiste Noé. Contrairem­ent à une idée reçue, ce n’est pas parce que le taux de réussite au bac tutoie les 90 % que tout le monde l’a. En effet, ce taux est calculé par rapport aux candidats présents à l’examen : il ne prend pas en compte les inscrits qui ne se sont pas présentés ni ceux qui ont abandonné plus tôt leurs études (100 000 jeunes chaque année). Ainsi, « seule 40 % d’une classe d’âge a été titulaire du bac général en 2016 », souligne Jean-Baptiste Noé.

Un échec dur à avaler

Le réquisitoi­re contre l’épreuve passe mal auprès des élèves. Sur Twitter, la mention « Le bac, c’est pas de l’eau », pour dire qu’ils trouvent l’examen difficile, fleurit. « Parfois, les candidats ont des surprises face à certains sujets et peuvent perdre leurs moyens », rappelle François Dubet, sociologue de l’éducation. Car, que l’on ait été bon élève ou non, le bac exige de fournir une certaine quantité de travail pour être prêt le jour J. « Les épreuves sont multiples et pluridisci­plinaires, ajoute Jean-Baptiste Noé. Même avec le jeu des coefficien­ts, les jeunes doivent être bons partout s’ils veulent avoir des résultats satisfaisa­nts (…). De même, les épreuves s’étalant sur cinq jours, il faut aussi tenir le rythme. » Et, bien entendu, savoir gérer son stress, surtout lorsque l’on vise une mention. Le bac ne peut définitive­ment pas être considéré comme un diplôme anodin, d’autant plus que « ceux qui ne l’ont pas se sentent stigmatisé­s », confirme Jean-Baptiste Noé. Et puis, « désormais, ne pas l’avoir, c’est être presque sûr de devoir affronter des difficulté­s d’insertion profession­nelle. Il n’y a qu’à observer l’écart considérab­le entre le taux de chômage de ceux qui n’ont pas leur bac et celui de ceux qui justifient d’un diplôme du supérieur », insiste François Dubet. Alors, si malgré toutes ces critiques, le bac continue à exister depuis 1808, c’est bien par ce qu’il est une institutio­n quasi sacrée en France.

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Seule 40 % d’une classe d’âge a été titulaire du bac général en 2016.

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