En masse !
La République en marche a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée, dimanche. Il va devoir gérer ses centaines de députés, parfois novices et aux sensibilités multiples. Marine Le Pen est élue dans le Pas-de-Calais.
Al’Assemblée, plus on est de fous, plus on risque. La République en marche va faire une entrée fracassante au Palais-Bourbon. D’après les estimations de plusieurs instituts de sondages, LREM et son allié du MoDem ont ravi dimanche près de 360 sièges. Un score très largement au-dessus de la majorité absolue de 289 élus. Cette vague devrait permettre à Emmanuel Macron de gouverner en toute quiétude. A moins qu’une telle majorité soit difficile à gérer. « Nous allons avoir beaucoup d’élus, presque trop. Il va falloir les encadrer pour éviter le foutoir », aurait déclaré le chef de l’Etat, selon Le Canard enchaîné. « Ce sont des problèmes de riches, sourit Arnaud Leroy, porte-parole de LREM. Les profils sont variés et chacun trouvera sa place. Il y aura des sensibilités et des débats, mais pas de fronde politicienne, car nous nous sommes engagés sur le programme d’Emmanuel Macron et personne n’aura de compte à rendre envers telle ou telle motion partisane. »
« Pas des neuneus »
Pour briefer les nouveaux et éviter tout faux pas, un « séminaire de travail et de cohésion » est prévu. « Le renouvellement inquiète certains en France, mais on n’envoie pas des neuneus à l’Assemblée… poursuit l’ancien député PS des Français de l’étranger. Ce sont des gens qui ont réussi dans leur vie privée, professionnelle ou artistique. Je suis sûr qu’ils seront meilleurs députés qu’un Henri Guaino ou un Jacques Myard. » La Ve République a déjà connu des majorités absolues, parfois difficiles à manier. « Une grande partie des gaullistes de 1958 étaient aussi des hommes neufs, peu acclimatés à la mécanique parlementaire. La vague rose de 1981 était aussi un renouvellement important, la vague bleue de 1993 également, rappelle l’historien Jean Garrigues, spécialiste de l’histoire politique contemporaine. Ces majorités n’ont pas toujours été faciles à gérer, car elles étaient des majorités de synthèse. Les gaullistes gouvernaient par exemple avec la droite libérale qui s’opposait sur la question algérienne. » Emmanuel Macron aura-t-il lui aussi ses frondeurs ? « On souhaite que les députés soient dans la contestation positive », avance Jean-Paul Delevoye, président de la commission d’investiture LREM. Chaque candidat s’est d’ailleurs engagé par écrit à voter le « pacte avec la nation » du chef de l’Etat. Les adversaires d’Emmanuel Macron ont, eux, trouvé leur angle d’attaque. François Baroin a raillé les futurs « députés godillots »; Mélenchon les « pantins » et les « pingouins ».