Les routiers restent sur le qui-vive près de Calais
Les chauffeurs qui passent Calais se tiennent sur le qui-vive
«Ici on se sent en sécurité, la police fait un travail formidable. » Avec son époux Georgios et quelques amis routiers, Maria est en pleine pause près d’une station Total de Calais. Cette souriante camionneuse grecque n’a pas encore entendu parler de l’accident mortel qui s’est produit tout près, dans la nuit de lundi à mardi, à cause d’un barrage improvisé par des migrants. Mais cette pause a un goût particulier, comme toujours dans le secteur. Quelques groupes de migrants scrutent la scène à distance, tandis que des CRS patrouillent entre les camions. Les remorques vides sont laissées portes béantes : inutile de s’y dissimuler pour passer vers l’Angleterre. Un peu plus loin de Calais, l’enseigne hollandaise All4Trucks a investi le créneau : son resto-service est bordé d’un parking grillagé et sécurisé. Dans le secteur, « il n’y a plus vraiment de restaurants routiers normaux », nous dit-on. Ici, deux maîtres-chiens patrouillent la nuit. « Du temps de la “jungle”, les migrants n’hésitaient pas à découper les grillages », témoigne une salariée. Le chiffre d’affaires en pâtissait, la zone était moins fréquentée. A présent c’est « plus calme ». Abdeljabbar, lui, fait la route depuis 15 ans entre l’Europe et le Maroc. Il revient d’Angleterre. Sa pause, dans la cafétéria d’une station-service, reste « stressante ». « Même quand je m’arrête cinq minutes, je refais le tour du camion pour vérifier que personne n’est monté. Mais bon, la dernière fois que j’ai découvert des passagers clandestins, je redescendais au Maroc. Ils s’étaient trompés, je n’ai pas eu de mal à les faire sortir… »
« Même quand je m’arrête 5 min, je refais le tour du camion. »
Abdeljabbar, chauffeur routier